« La demande d’inscription est rejetée au visa de l’article 2 7 ° du décret n° 2004-1463 du 23 décembre 2004, l’intéressée ne remplissant pas les conditions d’être âgée de moins de 72 ans. » Ainsi a été formulé le verdict tombé le 18 novembre 2024. La Dr Anne Marie Begué-Simon ne pourra pas reprendre son activité d’experte judiciaire dans les domaines de médecine générale, gériatrie, soins palliatifs, médecine physique et de réadaptation, médecine légale, dommage corporel et traumatologie séquellaire. Médecin généraliste, maître de conférences et experte judiciaire en dommage corporel et réadaptation fonctionnelle, elle avait décidé, après un arrêt en 2016, de reprendre des remplacements à son retour en France. « Après avoir pris ma retraite, j’ai décidé de partir au Québec en 2020. De retour en 2023, j’avais envie de retravailler. Je sentais que je pouvais encore être utile. Je n’écartais pas l’idée de faire des remplacements en médecine générale, raconte-t-elle. Je voulais aussi reprendre les expertises judiciaires. »
Cette praticienne en médecine générale a commencé son exercice en 1967 à Ivry dans le Val-de-Marne (94). Nommée maître de conférences en anthropologie sociale à l’Université de Créteil en 1988, elle se tourne vers la recherche clinique au Canada. De retour en France en 1994, elle travaille simultanément en tant que maître de conférences d'anthropologie sociale dans le département de santé publique à la faculté de Rennes en Île-et-Vilaine (35) en Bretagne, comme experte judiciaire et médecin généraliste-homéopathe. La généraliste décide de quitter toutes ses fonctions en 2014, mis à part l’expertise qu’elle affectionne tout particulièrement. Ancienne experte à la Cour d’Appel de Paris en 1990, elle a poursuivi les expertises à la Cour d’Appel de Rennes de 1996 à 2016, date à laquelle elle cesse d’être experte judiciaire auprès de la Cour. Néanmoins, elle continue des expertises de conseil à la demande d’avocats jusqu’en 2020.
La demande de trop
Mais quand elle a voulu reprendre du service en 2024, la praticienne a vu son exercice refusé par l’Ordre « C’est là que les ennuis ont commencé. Ils ont voulu me faire passer devant un jury pour tester mes connaissances », rappelle-t-elle. Ce protocole, elle le refuse car elle estime avoir « toujours suivi des formations », et disposer d’une « expérience professionnelle importante ». Ce refus l’empêche d’emblée de continuer les procédures pour pratiquer la médecine générale.
« J’avais comme background 26 ans d’exercice en tant qu’experte judiciaire. J’ai été maître de conférences en anthropologie sociale de 1988 à 1990, puis de 2000 à 2014. J’ai pris ma retraite en 2014, et arrêté les expertises judiciaires en 2016. J’avais un cabinet libéral, remplissais la fonction d’experte judiciaire, et enseignais les sciences humaines aux futurs médecins ». Auteure de plusieurs livres destinés aux professionnels de santé sur l’éthique médicale, dont l’un préfacé par Robert Barrot, président de Chambre au Tribunal de Grande Instance de Paris, et sur l’évaluation du handicap, la praticienne trouve la démarche « ridicule ».
Je suis trop vieille. Et pourtant j’ai connu un médecin qui a travaillé jusqu’à 80 printemps, et il était en pleine forme. Tout cela m’écœure
Si elle n’est finalement pas obligée de se soumettre à l’épreuve du jury, son dossier est tout de même refusé par la Cour d’appel de Rennes. Motif : son âge. Elle n’avait jamais été avertie auparavant de l’existence de cette limite. Abattue par ce verdict, laconique, elle résume avec amertume sa situation : « Je suis trop vieille. Et pourtant J’ai connu un médecin qui a travaillé jusqu’à 80 printemps et il était en pleine forme. Tout cela m’écœure. Je n’ai pas le courage de me battre davantage ». Cette décision de l’Ordre l’a poussée à demander sa radiation. Elle décide d’abandonner totalement la médecine tout en conservant une rancœur contre l’instance. Cela ne l’empêche pas de rester engagée dans le collectif Stop Violences Médecins, qui œuvre contre les violences intrafamiliales et la protection de l’enfance.
L’obligation de solidarité territoriale pour les médecins effective « dès septembre », confirme Yannick Neuder
« Les syndicats sont nostalgiques de la médecine de papa », tacle Dominique Voynet, seule médecin ayant voté la loi Garot
Face à un tweet raciste d’un membre de Reconquête, des médecins de l’Oise portent plainte
Prescription des aGLP-1, l’usine à gaz ? Après les médecins, la Fédération des diabétiques affiche son inquiétude