Le Dr Cyrille Brunel, porte-parole du collectif ML Corsica, co-organisateur avec l’UFML-S d’un séminaire insulaire sur le « déconventionnement collectif en Corse », qui s’est tenu à Bastia samedi 15 mars, admet avoir été surpris par l’affluence des médecins participants. « Je savais que les gens étaient en colère mais je me demandais à quel point cela se traduirait dans les faits », avoue le généraliste corse.
Ce dernier a accueilli une centaine de collègues généralistes et spécialistes, venus de Porto Vecchio, Propriano ou Ajaccio. Les médecins de l’île de Beauté ont vécu comme une « gifle » le fait que rien dans les propositions conventionnelles de l’Assurance-maladie ne reconnaisse explicitement la spécificité corse, même si le DG de la Cnam n’a pas exclu des mesures valorisant certaines conditions spécifiques « d’exercice ou de territoire ».
La population de l’île, qui n’a pas de CHU, peine à trouver un médecin traitant et voit « les délais d’attente exploser pour un rendez-vous avec un spécialiste », souligne le Dr Brunel, dont le collectif regroupe 300 médecins libéraux sur les 550 praticiens corses. Parmi leurs revendications, ces derniers réclament l’utilisation trimestrielle de la visite longue, la possibilité de cumuler à taux plein un acte clinique avec un acte technique (dans la limite de deux actes au maximum) ou encore deux actes techniques. Autre requête, la possibilité d’appliquer des majorations locales pour les consultations complexes et très complexes.
Bras de fer durable
Faute de concret à ce stade, les médecins corses veulent passer à l’offensive. Cette réunion aura été l’occasion d’expliquer en quoi consistent la procédure de déconventionnement, ses avantages et ses risques aussi, à travers les témoignages de médecins qui ont sauté le pas. L’objectif était aussi de rassurer les esprits. « Ces praticiens n’ont eu aucun problème à faire la transition et on peut aussi facilement se reconventionner », assure le Dr Brunel.
Pour l’heure, divers degrés d’engagement se dégagent chez les médecins insulaires. Ceux qui ont déjà pris leur décision, ceux qui ont signé une « lettre d’intention » de passer en secteur 3 (82 à ce jour), ceux qui y réfléchissent fortement… La décision collective sera prise « d’ici deux à trois semaines, parce qu’on veut accompagner les gens et qu’ils ne soient pas seuls durant cette période », poursuit Cyrille Brunel depuis son cabinet de Furiani.
Ces lettres d’intention de sortie de la convention viendront s’ajouter à celles déjà recueillies par l’UFML-S, dont le compteur dépassait ce lundi 5 080 courriers. Elles seront également publiées sur le site du Collectif ML Corsica. « S’il faut attendre et rester déconventionné pour que la caisse revienne vers nous, on attendra », prévient déjà le chef de file du mouvement, prêt à engager un long bras de fer.
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