Désert médical : à Vendôme, élus, soignants et industriels partagent leurs remèdes, même « les plus loufoques »

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Publié le 13/06/2024
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Avec près de 500 inscrits, les premières Assises nationales de l’accès aux soins ont fait carton plein ce jeudi 13 juin à Vendôme, dans le Loir et Cher. Le département y a organisé un vaste « brainstorming » pour lutter contre les déserts médicaux.

Crédit photo : DR

C’est dans une ambiance teintée de gravité que s’est ouverte la première édition des Assises nationales de l’accès aux soins à Vendôme, en plein cœur du Loir-et-Cher (41). Dans ce département où la cartographie médicale est particulièrement représentative des difficultés d’accès aux soins nationales, la santé reste la préoccupation numéro un des habitants. Et pour cause. En termes de densité médicale en médecine générale, le Loir-et-Cher est classé au 75e rang des départements (108,1 pour 100 00 habitants contre 128,5 en moyenne nationale) et au 79e rang en ce qui concerne l’âge des médecins (64,4 % des médecins ont plus de 50 ans). « Il manque 250 dentistes dans notre département. 18 % des citoyens n’ont pas de médecin traitant. Tous les jours, on est confronté à une perte de chance pour un non-accès aux soins », témoigne le Dr Bruno Harnois, médecin généraliste à Romorantin et conseiller départemental devant un auditoire attentif de 500 personnes.

Il nous reste un cardiologue et un psychiatre en ville et nous n’avons plus de consultations mémoire à l’hôpital

Dr Bruno Harnois, médecin généraliste à Romorantin et conseiller départemental

Sur son propre territoire, le praticien a dénombré « le départ d’un généraliste par an » et « quasiment plus aucune présence de spécialistes ». « Il nous reste un cardiologue et un psychiatre en ville et nous n’avons plus de consultations mémoire à l’hôpital ». Face à cette situation qui va continuer à se dégrader ces dix prochaines années, « je ne suis pas de ceux qui baissent les bras », martèle Laurent Brillard, maire de Vendôme et président de la communauté d’agglomération Territoires vendômois. En co-organisant ces assises nationales de l’accès aux soins avec le département, l’élu veut inciter ses pairs, les soignants, les étudiants et les entreprises à partager leurs remèdes aux déserts médicaux, même « les plus loufoques ».

Éviter la multiplication des maisons de santé

Dans le Loir-et Cher, avec les élus, le conseil départemental a pris le taureau par les cornes. Un plan « Le 41 en bonne santé » doté d’une enveloppe de 25 millions d’euros (2022-2028) a été élaboré pour faciliter l’accès aux soins des habitants. Cet investissement permet de financer des aides à l’installation, des bourses aux étudiants, la création de maisons de santé pluriprofessionnelles, « sans trop les multiplier ». « Cela ne fait que favoriser un certain nomadisme. Nous devons avoir un regard qui ne soit pas nombriliste et qui réponde aux besoins à l’échelle locale et territoriale », ajoute le maire de Vendôme.

Pour favoriser les installations, le département mise tout particulièrement sur un levier local : l’agence d’attractivité créée il y a quatre ans. Cette association qui fonctionne comme un guichet unique se charge de prospecter les forces vives mais surtout d’accompagner les professionnels dans leur installation. Et ça marche. « En deux ans, il y a eu 69 installations dont un tiers de médecins généralistes, spécialistes et dentistes et un tiers de kiné », énumère Karine Gourault, directrice de l’agence (Be-LC). Au premier trimestre 2024, 15 installations se sont concrétisées, précise Philippe Gouet, président du conseil départemental.

Régulation à l’installation, une solution à creuser

Mais ces bons résultats restent encore insuffisants. Faut-il encore aller plus loin, quitte à envisager des solutions plus contraignantes à l’installation ? Laurent Brillard, maire de Vendôme, se montre ouvert à l’idée de « creuser » cette piste, même si sur ce sujet, la vigilance reste de mise pour « ne pas atteindre la liberté d’exercice des médecins ».

Invitée à une table ronde animée par Le Quotidien, la Dr Laure Artru, coprésidente de l’association des citoyens contre les déserts médicaux (ACCDM) plaide en faveur de la régulation à l’installation des médecins. Une régulation qui prendrait la forme de conventionnement sélectif (une arrivée pour un départ dans les zones surdotées), la limitation de la durée de remplacement ou encore l’accélération des délégations de taches. « La médecine est un métier de service. Dans un tel métier, coercition signifie organisation. C’est peut-être perçu comme contreproductif mais si c’est le cas, c’est surtout le fait des médecins qui préféreraient habiter dans des endroits qu’ils jugent plus agréables. Ça ne l’est certainement pas pour les patients ».



Source : lequotidiendumedecin.fr