L’activité en EHPAD serait-elle chronophage ? Certains éléments de l’étude réalisée par l’URPS Médecins libéraux des Pays-de-la-Loire le laissent penser. Menée auprès des 3 200 généralistes de la région, elle dresse un état des lieux de l’activité des médecins traitants auprès de leurs patients résidents dans ces structures. Et, premier constat: cette enquête confirme, après d’autres, que cette activité concerne une très grande majorité (90%) de généralistes libéraux qui, en moyenne, s’occupent de 17 patients dans 3 établissements. Une activité plus importante, en volume, pour les médecins exerçant en zone rurale qui suivent deux fois plus de patients en EHPAD.
Quoiqu’il en soit, la moitié du temps passé par un médecin dans un EHPAD n’est pas consacré à la consultation, mais à d’autres sollicitations de professionnels de l’établissement. Sur sa demi-heure de présence – temps moyen passé dans un établissement, un médecin ne passe que 14 minutes à la consultation, l’autre moitié du temps médical s’écoulant donc « hors consultation ». Les sollicitations en dehors des visites en EHPAD apparaissent également plus nombreuses que les actes programmés ou non programmés. En moyenne, l’activité en EHPAD représente dix actes par mois, pour une quinzaine de sollicitations en dehors de leurs interventions.
Manque d’anticipation, absence du patient, indisponibilité du personnel de l’EHPAD… Plusieurs facteurs compliquent les conditions d’intervention des médecins. Sans parler des différents logiciels utilisés par les établissements et leur non-interopérabilité avec ceux des médecins... Ce qui amènent ces derniers à revenir parfois au dossier papier. Un tiers des médecins utilisent uniquement le dossier papier, seulement 14 % le dossier informatique, la moitié des médecins utilisant les deux.
Les médecins libéraux doivent également faire face à des difficultés quant à la coordination des soins. La transmission d’informations, notamment médicales, entre professionnels n’est pas toujours simple. Des difficultés liées tant à l’indisponibilité des professionnels de l’EHPAD lors de la visite qu’à l’hétérogénéité des systèmes d’information.
Malgré ces obstacles, les médecins ont une appréciation positive de leurs conditions d’interventions dans les trois quarts des EHPAD où ils se rendent. Ces conditions et la coordination des soins sont toutefois jugées « mauvaises » pour 5 % des établissements. Parmi les médecins, ils sont toutefois 20 % à avoir arrêté, de leur propre initiative, leur exercice en EHPAD. Au rang des justifications, ils avancent la distance séparant l’établissement de leur cabinet et le niveau de rémunération, jugé trop faible.
Au-delà de ces constats, l’étude de l’URPS suggère trois pistes d’amélioration. La première consiste à anticiper davantage la venue des généralistes au sein des EHPAD. Les médecins interrogés souhaitent également que leur temps passé non compris dans la rémunération à l’acte soit pris en compte. Il s’agit par là de valoriser les sollicitations faites hors visites et le temps médical hors consultations dans l’établissement. Dernier point, mais pas des moindres : il faudrait homogénéiser les systèmes d’information.
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