« Nous mettons à la disposition des cardiologues une boîte à outils pour les aider à créer des équipes de soins spécialisés (ESS) partout où ils veulent le faire ! C'est très important car ils ne savent pas comment s’y prendre alors que c’est faisable », affirme le Dr Vincent Pradeau, président du Syndicat national des cardiologues (SNC), en pointe sur ce sujet.
Grâce à une méthodologie nationale bien construite, le spécialiste installé à Cenon (Gironde) espère inciter ses confrères spécialistes à se lancer dans la création de ces équipes afin de lutter contre les difficultés d’accès aux soins et faciliter le lien avec les médecins généralistes d’une part et l’hôpital d’autre part. De fait, dans certains territoires sous-denses, les patients peuvent attendre plusieurs mois avant un rendez-vous cardiologique. Les ESS doivent permettre de sécuriser le parcours de soins des patients concernés, notamment en permettant aux médecins traitants d’obtenir un avis spécialisé rapide (en présentiel ou à distance).
L’initiative des cardiologues tombe à point nommé alors que les parlementaires débattent de leur côté de mesures directives pour combattre la pénurie médicale (régulation de la liberté d’installation, retour des gardes obligatoires). Autre élément de calendrier favorable : longtemps rétive aux équipes de soins spécialisés, créées par la loi de 2019, la Cnam est désormais prête à financer ces collectifs libéraux de façon pérenne par la voie conventionnelle, ce qui devrait encourager les initiatives.
Mais pour bénéficier des crédits conventionnels, il ne suffit pas d’être un groupe informel de spécialistes volontaires. Plusieurs conditions devront être respectées, conformément à un cahier des charges national (composition de l’équipe, périmètre géographique) et aux missions requises : structurer l’offre libérale de soins spécialisés, réduire les délais d’attente ou encore collaborer avec les organisations existantes – CPTS, équipes de soins primaires (ESP), etc.
Accompagnement méthodologique
La boîte à outils mise en ligne sur le site du syndicat détaille donc la marche à suivre pour les cardiologues volontaires intéressés. Les médecins adhérents peuvent trouver gratuitement un modèle de lettre-type d’intention à faire valider par l’agence régionale de santé (ARS) et la caisse primaire d’assurance-maladie afin de constituer une équipe de soins spécialisés. « C’est la première étape importante, commente le Dr Jean-Baptiste Caillard, vice-président du syndicat, lui-même à la tête d’une ESS cardiologie en Pays de la Loire. Car la validation de la lettre déclenche le premier versement de 40 000 euros au titre du crédit d’amorçage, qui s’élève en totalité à 80 000 euros ».
Vient ensuite la rédaction du projet de santé. Là aussi, des exemples de projets figurent dans le vade-mecum syndical. « Les médecins peuvent s’inspirer de notre projet parisien pour écrire le leur même si chaque territoire a ses propres défis », précise le Dr Patrick Assyag, membre du conseil d’administration du SNC et pilote de l’ESS cardiologie en Île-de-France (ESSC-IDF). « Nous avons besoin d’être accompagnés en termes de méthodologie et d’écriture. Il faut aussi du temps pour les réunions », surenchérit le Dr Caillard.
Dans ce guide, les porteurs de projets trouveront aussi un dossier complet sur les ESS, un formulaire d’adhésion pour les médecins concernés et des supports spécifiques destinés aux patients afin d’améliorer la prévention des maladies cardiovasculaires.
Côté financement, le guide rappelle qu’en plus des crédits d’amorçage, une dotation annuelle et pérenne comprise entre 50 000 et 100 000 euros est versée en fonction de la taille de l’équipe (de 50 000 euros pour 10 médecins à 100 000 euros pour 100 médecins ou plus). La dotation sera proratisée selon le nombre exact de médecins engagés. « Pour fonctionner, nous avons besoin d’un coordinateur mais aussi d’un solide système d’information et le montant alloué reste insuffisant », regrette le Dr Assyag.
Le Syndicat national des médecins cardiologues (SNC) n’a pas dit pour autant son dernier mot. Il mise sur la clause de revoyure conventionnelle pour rediscuter du financement de ces équipes, un modèle original issu du terrain, qui, à rebours des solutions punitives, pourrait marquer des points pour optimiser l’accès aux soins.
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