En 2019, 232 000 interruptions volontaires de grossesse (IVG) ont été enregistrées en France. Le taux de recours à l’IVG a donc légèrement augmenté dans le pays d’après les derniers chiffres de la Drees, parus ce jeudi. C’est le plus haut taux depuis trente ans. Depuis 2001, le nombre d’IVG oscille entre 215 000 et 230 000. En 2019, on compte 15,6 IVG pour 1 000 femmes âgées de 15 à 49 ans en France métropolitaine et 28,2 dans les DROM, soit des hausses respectives de 0,6 point et 0,4 point par rapport à 2018. Cela correspond à un ratio d’une IVG pour trois naissances.
C’est sur la tranche d’âge 20-29 que le recours reste le plus fréquent (27,9 femmes sur 1 000), mais ce sont chez les trentenaires que « l’augmentation des taux de recours est notable depuis 2010 », souligne la Drees avec une hausse plus marquée chez les 30-34 ans (+ 3,9 points entre 2010 et 2019). À l’inverse, il y a une diminution chez les moins de 20 ans : chez les 15-17 ans, il est passé de 10,5 pour 1000 jeunes filles en 2010 à 5,7 en 2019, chez les 18-19 ans, de 22,2 à 16,7 IVG.
Du simple au triple selon les régions
Pour la première fois, la Drees a également été en mesure de croiser les données sur l’IVG avec les données fiscales, ce qui permet de mettre en évidence des disparités de recours selon les situations sociales des femmes. Ainsi, les 10 % des femmes ayant les niveaux de vie les plus élevés ont un taux de recours à l’IVG inférieur de 11 points à celui des 10 % des femmes ayant les niveaux de vie les plus faibles. Des écarts qui peuvent s’expliquer en partie par des différences d’âge ou de statut matrimonial mais pas entièrement puisqu’à groupe d’âge et situation conjugale donnés, des écarts persistent dans les recours à l’IVG selon le niveau de vie. « Les femmes dont le niveau de vie est classé parmi les 10 % les moins élevés ont une probabilité de recourir à l’IVG dans l’année supérieure de 40 % à celle des femmes ayant un niveau de vie médian », explique la Drees.
L’étude montre également des grandes différences dans les recours selon les régions. Alors qu’en métropole les taux de recours sont de 11,8 IVG pour 1 000 femmes en Pays de la Loire, 12,3 en Bretagne ou 12,9 dans le Grand Est, ils atteignent 22,9 IVG en Paca ou 19,4 en Corse. Dans les départements et régions d’outre-mer, ils sont de plus de 39 IVG pour 1 000 femmes en Guadeloupe et Guyane.
Sur les modalités des IVG, la part des IVG médicamenteuse continue d’augmenter depuis son autorisation en 2001. Ils représentent aujourd’hui 70 % des IVG en France, le fait qu’ils puissent être pratiqués hors établissements de santé explique aussi cette évolution. Ainsi en 2019, 26,5 % des IVG ont eu lieu en cabinet libéral, centres de santé ou centres de planification et d’éducation familiale. Des disparités régionales existent sur le recours hors établissements de santé et elles sont en partie liées à l’offre de professionnels de santé proposant cette méthode. Parmi les 662 généralistes conventionnés actifs réalisant des IVG dans leurs cabinets en 2019, 48 % en ont réalisé moins de 10.
La publication de cette étude intervient quelques jours après que deux députées ont recommandé dans un rapport d'allonger les délais d'accès à l'IVG (de 5 à 7 semaines pour l'IVG médicamenteuse en ville) et de supprimer la clause de conscience des médecins.
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