La recertification concernera à terme l'ensemble des médecins exerçant en France et pourrait à terme être étendue aux autres professions de santé.
Agnès Buzyn et Frédérique Vidal l'ont annoncé jeudi dans un communiqué. Les ministres de la Santé et de l'Enseignement supérieur ont réuni et donné leurs consignes à la douzaine de personnalités qui plancheront sur le dispositif d'actualisation des compétences dans le cadre de la mission confiée au Pr Serge Uzan.
Les ministres souhaitent que le groupe de travail mené par le doyen honoraire de Paris VI rende un rapport sur le sujet en septembre 2018. Celui-ci est tenu d'analyser les modèles étrangers de recertification des médecins et de s'en inspirer, mais aussi de proposer une « méthodologie qui permette de tenir cette promesse ».
Le rapport devra détailler le rôle des différents acteurs dans le processus de recertification, préciser les outils, identifier les dispositions légales et réglementaires... Les pouvoirs publics souhaitent que la recertification s'inscrive en cohérence avec la récente réforme du 3e cycle et érige en priorité la notion de pertinence des soins.
Les syndicats veulent avoir leur mot à dire
« L'ambition de cette mission est grande, garantir à tous les patients une même qualité et une même sécurité de prise en charge », a déclaré Agnès Buzyn lors de l'installation du comité de pilotage.
Le lancement officiel des travaux de la mission Uzan n'est pas passé inaperçu dans le corps médical. Les syndicats de médecins libéraux seniors ont déploré d'être écartés du comité de pilotage installé par les ministres.
Présent pour l'@ISNARIMG au @MinSoliSante pour le premier comité de pilotage visant à établir le processus de recertification des médecins, en présence de nos 2 ministres de tutelle @agnesbuzyn et @VidalFrederique pic.twitter.com/bmc92qQrxw
— Maxence Pithon (@Max_Pithon) February 22, 2018
Selon nos informations, parmi les douze personnalités qui plancheront au côté du Pr Uzan figurent en effet des jeunes médecins (ANEMF, ISNI, ISNAR-IMG), les représentants des universités (CPU), les présidents de la HAS, du Haut conseil du DPC, des CME de CHU, de l'Ordre, des collèges professionnels (CMG et FSM), un doyen, et même des usagers... mais pas un représentant de syndicat de médecins libéraux seniors.
Le SML et la CSMF s'en sont émus ce vendredi. Le SML se demande « ce que l'on cherche à dissimuler aux médecins ». « S'agit-il d'un couac ou d'une volonté délibérée du gouvernement d'écarter les syndicats médicaux représentatifs des concertations au profit d'autres interlocuteurs ? », s'interroge l'organisation du Dr Philippe Vermesch.
La CSMF demande aussi au gouvernement de « rectifier le tir au plus vite ». « Un processus de recertification doit aussi reposer sur la pratique quotidienne, en articulation avec ceux qui font de la médecine tous les jours, à savoir les médecins libéraux », clame l'organisation présidée par le Dr Jean-Paul Ortiz.
De larges auditions à venir
Le choix d'intégrer les associations d'étudiants et d'internes plutôt que les médecins installés s'expliquerait par le fait que la recertification concernera prioritairement les médecins ayant suivi le nouveau 3e cycle. « La recertification sera mise en place en 2019-2010 et s'appliquera plutôt pour nous, futurs médecins, explique Maxence Pithon, président de lntersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (ISNAR-IMG). Les praticiens déjà installés ne seront pas concernés par l'obligation mais pourront suivre la procédure s'ils le souhaitent. »
Joint par le Généraliste, le Pr Serge Uzan confirme : « Les médecins en exercice pourront se porter volontaires pour être recertifiés. » Les syndicats seniors ne seront pas oubliés pour autant, assure-t-il. « Le comité de pilotage ne pouvait pas accueillir 80 personnes. Nous procéderons à l'audition de tous les syndicats de médecins, nous avons un peu de temps », conclut le doyen honoraire.
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique
« Cela correspond totalement à mes valeurs », témoigne la Dr Boizard, volontaire de Médecins solidaires
« Les Flying Doctors », solution de haut-vol pour l’accès aux soins en Bourgogne