C'est un nouveau cri d'alarme : en 2013 déjà, au début du quinquennat de François Hollande, les professionnels du secteur demandaient un plan d'urgence pour assurer « l'avenir du service public de protection maternelle et infantile (PMI) ».
Cinq ans plus tard, la plateforme « Avenir pour la PMI », qui regroupe plus d'une dizaine de structures représentatives (dont le syndicat des médecins de PMI et l'association nationale des sages-femmes territoriales) publie une contribution pour sauvegarder la PMI française. Elle a été transmise à la députée Michèle Peyron (LREM, Seine-et-Marne), chargée par le gouvernement d'une mission ad hoc. Ces propositions doivent permettre de maintenir et de renforcer des services gravement « fragilisés ».
Côté pilotage, si les acteurs du secteur souhaitent maintenir les missions de PMI/planification familiale confiées aux départements, ils appellent de leurs vœux un financement « fléché » (État, CNAM) vers les services de PMI et une responsabilité partagée avec les agences régionales de santé (ARS). En pratique, ce financement « socle » de l'État serait corrélé à une « couverture minimale d'offre de service PMI » autour de normes réactualisées – couverture attendue en consultations, visites à domicile, bilans de santé, à ajuster selon les départements et les indicateurs. Ce budget fléché serait « complété » par les remboursements Sécu incluant « toutes les prestations en matière de protection infantile, maternelle et de planification familiale », mais aussi les actes des infirmières puéricultrices.
Cette implication accrue de l'État dans le financement est d'autant plus urgente que les réformes des collectivités locales laissent planer une incertitude sur l’existence même des départements, rendant encore plus incertain le sort des services PMI, ce qui accentue les difficultés de recrutement.
En termes de prévention et de santé publique, la plateforme recommande de passer à 22 examens obligatoires pour les enfants (contre 20 aujourd'hui), « dont 19 avant l'âge de 6 ans ». Ces derniers pourraient être réalisés de façon concertée par les médecins et les puéricultrices, sur la base de 12 examens au moins assurés par les praticiens et jusqu'à 6 par les puéricultrices, suggèrent les auteurs.
Une grille à revoir
La démographie médicale déclinante est un autre défi majeur. Le nombre de médecins de PMI en équivalent temps plein (ETP) était de 2 350 en 2009 avant de chuter à quelque 2000 praticiens cinq ans plus tard. En Seine-Saint-Denis par exemple, le service de PMI réalisait 292 500 actes médicaux auprès des enfants de 0 à 6 ans au début des années 2000, chiffre tombé à 171 500 en 2016 (soit une baisse de 42 %). Durant cette période de 15 ans, le nombre de naissances n'a cessé de croître dans le département.
Il faut donc agir vite et fort, plaide le collectif. Le métier de médecin de PMI dans son ensemble doit être rendu plus « attractif et accessible », mais aussi mieux connu. Pour attirer des jeunes confrères, il faut assurer « une gestion prévisionnelle des besoins en postes » mais aussi améliorer la visibilité des missions de la PMI dès la formation initiale, faire venir des externes et internes en stage, mieux rémunérer les médecins maîtres de stage et sensibiliser les départements à l'octroi de conditions matérielles attractives.
Pour les praticiens qui s'engagent dans ce métier, les contrats salariés mensualisés doivent être favorisés. Surtout, les statuts et salaires des professionnels de la PMI doivent être revalorisés « au niveau de leurs homologues du curatif », notamment en alignant la grille des médecins territoriaux sur celle des praticiens hospitaliers. Actuellement, un médecin territorial de deuxième classe commence sa carrière à 2 100 euros brut, contre 4 130 euros pour un PH à temps plein. Pour combler l'écart, un statut de « praticien de santé publique et de prévention » regroupant les médecins territoriaux, ceux de l'Éducation nationale et les médecins inspecteurs de santé publique pourrait être créé. Il convient aussi de prendre en compte l’intérêt pour l'exercice mixte, souligne la plateforme.
Les professionnels de la PMI espèrent cette fois que leurs propositions ne resteront pas lettre morte à l'heure où « beaucoup de consultations de nourrissons et de femmes enceintes » sont supprimées et dans un contexte « d'aggravation de la précarité sociale ».
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