CPTS, assistants médicaux, délégations

Ma Santé 2022 : un plan mal compris des généralistes, peu enclins au changement

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Publié le 06/06/2019
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Les communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), disposition iconique de la loi de santé en cours d'examen au Sénat, sont mal comprises par trois médecins généralistes sur quatre, et même « très mal comprises » pour un quart de ces praticiens perplexes. C'est ce que révèle une étude* de l'IFOP pour La Mutuelle du médecin. Contrairement aux idées reçues, ce sont les plus jeunes qui ont du mal à saisir la notion de CPTS : 82 % des médecins de moins de 49 ans, contre 61 % pour les plus de 60 ans.

Les assistants médicaux ne semblent pas plus parler à la profession : un généraliste sur deux ne sait pas du tôt s'il est éligible au dispositif. 18 % seulement des sondés estiment qu'ils pourraient en bénéficier. Ce pourcentage grimpe cependant chez les généralistes exerçant en cabinet de groupe (28 %, contre 7 % en solo) et les plus récemment installés (35 % des installés depuis moins de 15 ans). Conséquence logique, les praticiens se jugeant éligibles sont 53 % à être intéressés par l'embauche d'un assistant contre 35 % de l'ensemble des médecins interrogés.

Les médecins de famille n'apprécient pas plus les délégations de tâches, en particulier aux pharmaciens (possibilité de dispenser certains médicaments sous conditions, vaccination, etc.). 80 % des interrogés y sont opposés. Les infirmiers en pratique avancée (plébiscités par 60 % des médecins) et les orthoptistes (78 %) ont plus la côte. 

La coercition revient régulièrement dans les débats des parlementaires, et les généralistes ne la rejettent pas totalement. Questionnés sur les trois meilleurs outils de lutte contre les déserts, 41 % citent l'obligation temporaire d'installation en zone désertée (22 % en premier choix). Un médecin sur deux de plus de 60 ans, avec 30 ans d'ancienneté et/ou installé dans une commune rurale y est même favorable.

Cependant, la mesure la plus efficace pour les généralistes reste l'assouplissement du numerus clausus et l'augmentation de 20 % du nombre de médecins formés (premier choix de 38 % des médecins, l'un des trois choix de 71 %), suivi du développement de la télémédecine et de la télé expertise et – étrangement – de la délégation de certaines tâches médicales.

Le paiement à l'acte grignoté

Les médecins de famille ont été questionnés sur leur rémunération. 45 % sont prêts à remettre en question le paiement à l'acte, mais 36 % d'entre eux pensent que cela doit se faire « partiellement » et avec une hausse des rémunérations forfaitaires. Là encore, l'âge est un critère déterminant : 53 % des médecins de moins de 49 ans sont d'accord pour changer la donne (et même 61 % de ceux avec moins de 15 ans d'ancienneté d'exercice), tandis que 63 % des médecins installés depuis plus de 30 ans rejettent totalement cette idée.

Enfin, deux praticiens sur trois pourraient envisager d'intégrer une structure salariée de leur région contre 8 377 euros brut mensuels de salaire moyen. Un dernier tiers d'incorruptibles ne pourrait pas envisager d'intégrer une structure salariée « quel que soit le niveau de salaire ».

* Enquête en ligne du 29 avril au 14 mai 2019 auprès de 200 médecins généralistes libéraux (questionnaire auto-administré, méthode des quotas).

Marie Foult

Source : Le Quotidien du médecin: 9755