Le revenu des médecins libéraux évolue positivement avec leur ancienneté, à l’exception de leur fin de carrière.
Une nouvelle étude de la Drees (Direction de la recherche, des études, de l'évaluation et des statistiques) sur les revenus des libéraux entre 2014 et 2017 montre en effet une évolution croissante avant une diminution en fin de carrière.
Pour l’ensemble des spécialités, les médecins installés depuis moins de dix ans ont un revenu d’activité moyen globalement semblable au revenu moyen de la profession. Chez les généralistes en particulier, ceux fraîchement installés ont les revenus les plus faibles (83 000 euros annuels en 2017). Les revenus d’activité sont ensuite à leur maximum (96 000 euros) entre dix et trente ans d’ancienneté. Une progression qui s’explique par plusieurs causes d’après les auteurs de l’étude.
« Elle peut refléter des acquis en termes de savoir ou d’expérience, qui permettent au praticien de réaliser un plus grand nombre de consultations ; elle peut également s’expliquer par le profil déclinant de l’amortissement des coûts d’installation », détaillent-ils. Des gains « liés à l’effet de réputation » peuvent aussi exister.
Mais après plus de trente ans d’ancienneté, les revenus d’activité sont en revanche plus faibles, 92 000 euros en moyenne pour les généralistes. Une baisse principalement due à un volume d’actes moindre.
Des revenus en hausse de 1,7 % par an en moyenne
La Drees a également étudié l’évolution des revenus des médecins libéraux ces dernières années.
Entre 2014 et 2017, le revenu d’activité des médecins a progressé en moyenne de 1,9 % par an en euros constants (après déduction de l’inflation). Une augmentation un peu moins importante chez les généralistes (1,7 % par an) que chez les spécialistes (2,2 %). Si l’on considère uniquement le revenu libéral des généralistes libéraux, l’évolution est un peu plus dynamique avec une progression moyenne de 1,8 % par an.
L’évolution du revenu d’activité suit celle des honoraires pour quasiment l’ensemble des spécialités. « Ces hausses peuvent s’expliquer par la revalorisation des consultations intervenues en 2017 », souligne la Drees. Par exemple le passage du C de 23 à 25 euros au 1er mai 2017 pour les généralistes. Les auteurs précisent que cela représente donc « une augmentation d’un peu moins de 9 % (compte tenu des rémunérations forfaitaires, cela représente 5,8 % d’augmentation du revenu libéral pour 2017, à volume d’actes inchangé ».
Stabilité depuis 2017
Par ailleurs l’augmentation des revenus des médecins libéraux a été plus rapide sur cette période de 2014-2017 que sur la décennie précédente. Entre 2005 et 2017, l’augmentation pour les généralistes a été de +0,8 %. Si le tarif de la consultation a continué à augmenter sur un rythme similaire c’est l’inflation qui a fait la différence.
« L’inflation a beaucoup diminué (+0,4 % en moyenne par an entre 2014 et 2017, après +1,5 % entre 2005 et 2014), d’où une accélération en termes réels », explique les auteurs.
Après 2017, si le revenu libéral continue de progresser toutes spécialités confondues, pour les généralistes le bilan est plus mitigé. D’après les données de la Carmf, le revenu est stable pour les généralistes (+0,2 %) entre 2017 et 2019 avec deux années très contrastées…
L’année 2018 a été négative pour les généralistes (-2,1 %). Ceci s’explique pour les auteurs par « un redémarrage de l’inflation, couplé à une baisse des rémunérations forfaitaires ». En 2019, c’est l’inverse, le revenu libéral des généralistes augmente de 2,6 %. « Ceci peut être lié à une activité plus soutenue, mais également à une rémunération de la partie forfaitaire plus importante avec la poursuite de la mise en œuvre des dispositions de la convention nationale de 2016 », avance la Drees.
Les récents chiffres de la Carmf pour l’année 2020 auront en revanche montré que la crise sanitaire a fortement impacté les revenus des généralistes libéraux avec une baisse de 3,84 % de leurs revenus par rapport à 2019 en euros constants.
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