Grève : les urgentistes hospitaliers ouvrent le bal lundi

Publié le 20/12/2014

Crédit photo : Coyau

Les urgentistes seront les premiers à débuter leur mouvement de grève lundi, un à deux jours avant celui des médecins libéraux. Ils sont appelés à une grève illimitée par l'Association des médecins urgentistes de France (Amuf) de Patrick Pelloux (photo) qui table sur une mobilisation massive avec "80% de grévistes". Toutefois, les patients ne seront pas livrés à eux-mêmes dans des hôpitaux désertés : les urgentistes pouvant être assignés, la grève consistera surtout à porter un "badge" et les effectifs ne seront pas diminués, rappelle Christophe Prudhomme, porte-parole de l'Amuf.

Dénonçant des conditions de travail pénibles, les urgentistes réclament la réduction de leur temps de travail à 48 heures hebdomadaires, contre une soixantaine actuellement, ainsi que la valorisation de leurs heures supplémentaires et l'harmonisation des rémunérations pour les gardes. Des revendications qui n'"ont rien à voir" avec la loi santé, répètent une nouvelle fois les urgentistes. L’AMUHF se prévaut par ailleurs du soutien des intersyndicales hospitalières. Le syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs (SNPHAR-E), appelle d’ailleurs également à une grève de la permanence des soins à compter de lundi. "C'est un coup de gueule des médecins de l'hôpital public qui en ont marre de répondre présents à chaque crise sanitaire, que ce soit les mouvements de grève des libéraux, la canicule ou je ne sais quoi encore", explique Yves Rébufat, président du SNPHAR-E.

Au ministère de la Santé, on indique que "les échanges avec les urgentistes se poursuivent" avec "la volonté d'éviter la grève". Déjà fortement sollicités pendant les fêtes, les services d'urgences risquent de l'être encore plus à partir de mardi, en raison de la grève des médecins libéraux et alors même que se profilent des épidémies de grippe et de gastroentérite.

L’AP de Paris déclenche le niveau 2 du plan "hôpital en tension"

Pour parer à l'éventuel afflux de patients, certains hôpitaux ont déjà demandé à leurs médecins de renoncer à leurs congés, concède Gérard Vincent, délégué général de la Fédération hospitalière de France. C’est dans ce contexte de grèves en ville et à l’hôpital que l’'Assistance publique-Hôpitaux de Paris a demandé à tous ses groupes hospitaliers d'activer le "niveau 2" du plan "hôpital en tension" qui en comporte trois (alerte vigilance, tension avérée, tension prolongée ou de grande amplitude). "Le niveau 2 prévoit notamment la mise en place dans chaque groupe hospitalier d'une cellule de crise pour faire le point quotidiennement" sur les effectifs, les tensions éventuelles et les lits disponibles.

A l’AP, on semble surtout s’inquiéter des retombées de la grève des médecins libéraux; aucune perturbation ne semblant en effet redoutée de la grève des urgentistes hospitaliers. Si le plan hôpital en tension est fréquent en cette saison, l'AP-HP l’a, cette année, déclenché plus tôt que prévu. On table sur le fait que le mouvement des libéraux risque d'entraîner un afflux de patients aux urgences, d'autant plus que se profilent des épidémies de gastroentérite et de grippe sur la même période. "L'AP-HP prend les dispositions nécessaires pour garantir la continuité du service public hospitalier et accueillir les patients", assure donc sa direction, précisant que "tous les effectifs devraient être opérationnels dans ses services d'urgence" et que des renforts sont prévus si besoin." Comme l'année dernière, un peu plus de 80% des lits médecine-chirurgie-obstétrique seront ouverts pendant la période de fin d'année", ajoute-t-on à l'AP-HP.


Source : lequotidiendumedecin.fr