Est-il possible d’enrayer la violence envers le corps médical ? Alors que l’Observatoire de la sécurité des médecins a annoncé vendredi des chiffres 2014 toujours préoccupants tournant autour de 900 aggressions l’an passé, l’Ordre a organisé pour la première fois au Cnit de La Défense un débat public pour présenter ces chiffres et dresser le bilan de la lutte contre l’insécurité dans et hors les cabinets.
Ainsi que le rappelle le Dr Christian Bourhis responsable de l’Observatoire pour le cnom, les choses ont bien évolué depuis la signature du protocole avec le ministère de l’Interieur en 2011 : une grosse moitié des départements (52) dispose désormais d’un protocole local organisant la coopération entre Ordre, Justice et Gendarmerie. Autre façon d’essaimer sur le terrain : l’Ordre a également mis en place ces dernières années des conseillers référents ordinaux de sécurité. Et des réunions de prévention se sont déjà déroulées dans 20 départements auxquelles 3000 médecins ont assisté. Salles combles presque à chaque fois, raconte un conseiller ordinal. Le Dr Bourhis, qui espère un essor de ces formations et leur prise en charge par l’OG-DPC, estime qu’elles ont déjà eu un impact en Ile-de-France où les violences sont en baisse par rapport à l’annnée précédente. Dans le palmarès de l’insécurité, le Nord a de fait pris la tête en 2014, mais le Jean-François Rault (Président du Conseil Départemental du Nord) précise que son département signale absolument tous les types de violences (ce qui peut aller de l’insulte à l’agression avec arme).
Signaler ? Déclarer le moindre incident ? C’est aussi le conseil donné par les représentants des forces de l’Ordre. Pour Nadine Joly (coordinatrice des dispositifs de sécurité des professions exposées au ministère de l’Intérieur) les signalements en hausse traduisent d’ailleurs une certaine confiance réciproque sur la capacité des forces intérieures à répondre aux problèmes. Elle incite fortement les médecins à ne pas hésiter à déclarer les faits aux autorités. C’est aussi ce à quoi appelle Arnaud Poupard (chargé de mission à l’Observatoire national des violences en milieu de santé du ministère de la Santé) pour qui cette hausse constatée des déclarations n’est pas forcément synonyme d’une hausse des violences mais d’une confiance accrue entre les médecins victimes, l’observatoire et les forces de police. Ce commissaire de police rappelle aussi qu’un site internet de prévention sur les violences au travail a été mis en place.
Certaines expériences pionnières sont aussi une façon de répondre au phénomène. Le Dr Bernard Le Douarin tire un bilan plutôt positif des boitiers (ou trackers) mis en place dans le Val de Marne. Ces boitiers permettent une géosécurisation des médecins effecteurs qui n’ont qu’un bouton sur lequel appuyer pour envoyer un SOS au régulateur qui va pouvoir avertir les autorités et les tenir informés en temps réel de la localisation de la victime. Il a pour avantage d’être très pratique de par sa taille réduite et son utilisation simple, mais coûte assez cher.
D’autres mesures ont été évoquées par Bruno Kezachian, qui a évoqué deux initiatives mises en place suite à un protociole signé entre la mairie de Nimes et l’Ordre du Gard qu’il préside. Des caméras de vidéosurveillance ont été disposés dans les quartiers chauds de la ville à proximité de certains cabinets. Le choix des emplacements s’est fait de façon conjointe avec l’Ordre. La seconde est la participation de l’Ordre avec les forces de police aux réunions de sécurités locales: c’est dans cette instance que se prennent la plupart des décisions de sécurité.
Le colonel Karine Lejeune, représentante de la direction générale de la Gendarmerie Nationale, soutient cette idée de réunion de sécurité locale, pour elle les différents services doivent collaborer ensemble.
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