Tout petit, comme chacun d’entre nous, je croyais au Père Noël. Depuis 1977, année où je me suis installé généraliste rural libéral, je croyais que la CARMF était autonome, comme elle s'intitule abusivement. Je vais vous le démontrer avec ces quelques lignes, dans le contexte actuel du « Grand débat ».
Comme chaque généraliste libéral, j’ai alimenté la CARMF, cotisant souvent avant l'heure de peur des pénalités de retard, pendant mes 37 années d’activité. Bien qu'encore très médecin (humanitaire, et EPRUS), je perçois ma pension de retraite depuis 2013.
Comme beaucoup d’entre nous, j’ai été flashé par ses radars « fiscaux et faux-culs » qui embellissent nos routes de tous les jours… Pour des étourderies souvent. Rassurez-vous, je ne suis pas un assassin de la route, bien qu'ayant exercé à Saint-Émilion (cette fine appellation*), je n’ai jamais été positif à quoi que cela soit… De même, jamais aucune barrette de shit* n’a été un jour en ma possession. Depuis que je suis retraité, je n’utilise plus le téléphone au volant. De plus, un changement d’adresse a fait qu'un PV avec une vitesse retenue à 111 km/h pour 110 km/h est arrivé en retard, directement majoré… De quoi être fort mécontent.
Pas de discussion possible
J’ai bien essayé de discuter avec l’administration policière de notre beau pays… Peine perdue. Autrefois, les conflits entre police et citoyens se réglaient au tribunal. Le citoyen contribuable avait au moins l’impression que la France était un pays libre et démocratique ou la justice avait le mérite d’exister. Aujourd’hui, l’État se paye directement sans passer par le tribunal. Et devinez où ? Eh oui, auprès de la CARMF qui obtempère sans que cela ne lui pose de problème ! Cette caisse qui se dit, et que vous croyez autonome, est en fait assujettie à la « dictature technocratique française » !
Cet état de fait : les « sans dents », la « France d’en bas » qui ne traverse pas la rue l'a implicitement compris. Moi je comprends sa réaction et la violence qui en résulte.
Radars pompes à fric
Les leçons à retenir sont intéressantes à expliciter :
1/Les radars actuels ne sont qu’une « pompe à fric » de l’État qui rapportait 789 millions d’euros en 2015 et probablement près du triple en 2018. Leur détérioration grandissante actuelle, proportionnelle au mécontentement qu’ils engendrent va faire baisser le rapport.
En quoi ces radars sont-ils « faux culs » ? Si on voulait vraiment empêcher les gens de mourir sur la route, ce serait simple : les représentants des usagers de la route, la défense des victimes, les élus locaux qui connaissent parfaitement les tronçons les plus accidentogènes, s'assoient autour d’une table et décident des vitesses à respecter impérativement à tel endroit. On fait des contrôles inopinés, sans prévenir.
Actuellement, la situation est grotesque : les gens qui n’oublient pas, ralentissent avant le radar pour mieux pouvoir « mettre la gomme » ensuite. La limitation à 80 km/h n’a fait plaisir qu’à Édouard. Cinq radars entre les deux sous-préfectures que sont Bergerac et Libourne prouvent que notre État est âpre au gain, mais se fout pas mal de notre sécurité… Il y a 30 ans qu’une 4 voies aurait réellement rendu service aux citoyens automobilistes.
Pour conclure sur ce chapitre, trois interrogations. 1/Au bout de combien de temps rend-on son permis à un chauffard qui a commis de graves délits, et est-on sûr qu’ils ne conduisent pas sans permis ? Pour diminuer les morts ou les blessés graves ne pourrions-nous pas supprimer la voiture, remettre les vélos et les chevaux au goût du jour ? Pourquoi les voitures qui roulent à plus 230 km/h sont autorisées ?
Trop de hauts fonctionnaires
2/ Vous comprendrez facilement que je sois ravi de la situation actuelle de nos enfants « Gilles et John », qui sont le résultat de la lente dégradation depuis deux ou trois décennies de notre démocratie. Ce n’est malheureusement pas le « Grand débat » qui va résoudre les problèmes et subvenir aux besoins.
Il faut brûler l'ENA. On a formé trop de hauts fonctionnaires qui ont sérieusement pensé que pour boucher le trou de la sécu – dont j’ai entendu parler pendant toute ma vie active- il suffisait de faire un numerus clausus. C’est intelligent un énarque ! Mais on voit où cela mène : déserts médicaux, mécontentement de tout ordre et… Gilets jaunes.
Jeunes médecins, fils d’Hippocrate*, vous êtes devenus une denrée rare… J’espère que vous saurez-vous faire rémunérer à votre juste valeur, sans faire confiance à tous nos syndicats qui depuis 40 ans n’ont été que des « suppôts » du pouvoir politique. Il nous fallait des années pour que notre C augmente d’un euro !
Pour aller au fond des choses que l’on prend en riant*, il faut constater que l'on manque de fonctionnaires dans les écoles, à l’hôpital, à la justice, peut-être dans la police… Mais ailleurs… dans les administrations, dans les ministères ? C'est Coluche, qui nous manque terriblement, qui disait : « Dans les halls des administrations : les hauts fonctionnaires qui arrivent en retard croisent ceux qui arrivent en avance. »
3/ La CARMF est aux mains de la technocratie étatique : le jour où elle ne pourra plus nous payer nos retraites, il faudra s’adresser à l’État. Il ponctionne nos contraventions sur ce que je croyais être notre caisse… Il devra assumer les éventuels trous en formation, obligatoires avec ce régime de répartition et le numerus clausus !
4/ Quelques questions en conclusion : C’est pour quand le déficit de la CARMF ? Je ne suis pas devin je vous laisse le choix dans la date*. Faut-il avoir peur de l’avenir et des « casseurs » ? Non, la police et l’armée (si besoin) en viendront à bout quand la dictature le décidera. Croyez-vous que le Grand débat, ou le vote, va arranger la situation ? Non, cela va se terminer en « eau de boudin ».
La situation actuelle est intéressante. Les Gilets jaunes ont montré qu’il n’y avait pas que le vote des « béni-oui-oui » comme moyen de revendications. Nous ne sommes peut-être qu’au début de la fin ? Nous, retraités, ne verrons probablement pas la fin… Dommage !
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