Nouvelle action judiciaire en vue à l'encontre de l'IHU-MI. Les ministres de la Santé et de la Recherche ont annoncé lundi 5 septembre demander au parquet de Marseille de se saisir de « délits ou des manquements graves à la réglementation en matière de santé ou de recherche » constatés à l'IHU. Si la demande n'était pas encore parvenue à la procureure de Marseille mardi matin, le parquet a ouvert en juillet une information judiciaire suite aux signalements de l'Agence du médicament concernant l'IHU du temps où il était dirigé par le chercheur controversé Didier Raoult, notamment pour des faux en écriture, a précisé le parquet à l'AFP ce mardi 6 septembre.
Cette information judiciaire fait suite à des signalements reçus en octobre 2021 et mai 2022 de l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM).
Un rapport de l'Igas accablant
La demande des ministres est fondée sur un rapport accablant de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) et de son homologue pour l'enseignement supérieur et la recherche (IGESR).
Le 4 juillet, le parquet de Marseille a ouvert une information judiciaire pour « faux en écriture », « usage de faux en écriture » et « recherche interventionnelle impliquant une personne humaine non justifiée par sa prise en charge habituelle sans obtention de l'avis du comité de protection des personnes et de l'autorisation de l'ANSM », a indiqué mardi le parquet de Marseille à l'AFP.
L'ANSM avait notamment relevé « de graves manquements à la réglementation des recherches impliquant la personne humaine », lors d'essais cliniques irréguliers.
Dérives de gouvernance et recherches biaisées
Lundi, les ministres Sylvie Retailleau et François Braun ont estimé dans un communiqué commun qu'un autre rapport, publié par l'Igas et l'IGESR, « met en lumière des dysfonctionnements graves » au sein de l'Institut hospitalo-universitaire Méditerranée infection (IHU-MI), créé en 2011 et dirigé par le Pr Didier Raoult jusqu'à fin août 2022.
« Plusieurs éléments » dans ce nouveau rapport sont « susceptibles de constituer des délits ou des manquements graves à la réglementation en matière de santé ou de recherche », écrivent les ministres.
François Crémieux, le directeur de l'AP-HM (Assistance publique - Hôpitaux de Marseille), a assuré dans le journal La Provence mardi que l'établissement « partage le constat des dérives managériales de certains responsables hospitalo-universitaires occupant des fonctions clés au sein du pôle maladies infectieuses ».
« Je regrette que la mission Igas/IGAENR ne tienne pas compte de la réponse détaillée sur les plans juridique et scientifique que je leur ai fournie », a regretté Didier Raoult dans un tweet mardi, invitant les internautes à lire celle-ci in extenso en ligne.
Dans sa réponse à l'Igas et de l'Igesr, Didier Raoult estime que ce rapport « s'est principalement attelé à compiler des commentaires désobligeants contre le directeur de l'IHU-MI ». L'ancien directeur de l'IHU déplore « une absence de distance de la mission qui s'apparente ainsi plus à une mission commando qu'à une inspection au service de l'État français. »
Interrogé sur Cnews mardi, le chercheur a regretté : « C'est un épisode de plus dans le fait que je suis harcelé pour avoir dit ce que tout le monde fait maintenant y compris sur les vaccins (…) », assurant qu'il était « très serein » : « j'ai fait ce que je pensais devoir faire dans un temps où l’État français pensait qu'il était nécessaire d'avoir des instituts spécialisés dans les maladies infectieuses ».
Avec AFP.
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