Rude réalité encore que celle qui nous est assénée cette semaine par l’Observatoire de la sécurité des médecins. 901 agressions déclarées par des confrères en 2014 soit, en moyenne, plus de deux par jour, c’est beaucoup… Trop pour qu’on puisse classer l’information au rang des faits divers, surtout dans ces colonnes. Parmi les agressés, les généralistes sont, en effet, les principaux exposés, parce que porte d’entrée dans le système de soins, parce que seuls professionnels de santé avec les infirmières à se déplacer et parce que plus concernés par les gardes que les autres spécialités…
Voilà pour l’essentiel de ce bilan triste à pleurer. Avec les statistiques, toute la difficulté pourtant est de les interpréter. Et si l’Observatoire de l’Ordre a le grand mérite d’exister, son bilan annuel ne dit pas tout de la violence ressentie. Faut-il voir dans ce presque millier d’incidents recensés chaque année depuis cinq ans une plutôt bonne nouvelle, les médecins n’hésitant plus à signaler les incidents ? Ou bien, doit-on déceler dans ce statu quo le signe que, décidément, les incivilités s’installent, alors même que nombre de médecins oublient de déclarer les simples insultes… L’actualité de ces derniers mois, en Seine-Saint-Denis, dans le Val-de-Marne ou le Val-d’Oise, par exemple, incline, hélas, à pencher pour la seconde analyse. Et c’est bien préoccupant car on sait que, dans ces endroits où on manque déjà de médecins, l’insécurité fait le nid du burn out et des départs prématurés…
Que faire, que dire face à ce phénomène ? Pas grand-chose malheureusement. En dépit des efforts déployés ça et là, par l’Ordre notamment, la solution miracle n’a pas été trouvée. Et pour cause. Il en va de la violence dans les cabinets comme des déserts médicaux : les causes sont multifactorielles et globales et mettent en jeu la structuration de la société dans son ensemble. Les médecins sont les victimes collatérales d’une dérive qui les dépasse et affecte tout le corps social, comme un cancer. Le fait qu’on s’en prenne à des soignants est juste un symptôme supplémentaire de la déliquescence du lien social. Dans ces conditions, qu’imaginer encore ? Mettre un flic derrière chaque toubib ? Ce n’est ni possible, ni souhaitable. Même si les forces de l’ordre doivent être plus accessibles aux médecins. Au-delà, peut-être faut-il penser plus horizontalement. Par exemple en aidant à la constitution de cabinets collectifs avec du personnel ; en banlieue, mais pas seulement, car l’Observatoire 2014 montre que les centres-villes sont désormais visés.
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