Des centaines de rendez-vous annulés, des opérations différées, des chimios retardées… À quelques semaines des législatives anticipées Outre-Manche, la cyberattaque mondiale qui a fait plus de 200 000 victimes ces jours derniers virait à la mise en cause du gouvernement conservateur sur le service public de santé britannique (NHS).
Ce sont en effet un tiers des hôpitaux et cliniques d'Angleterre ainsi que nombre des 8 000 cabinets médicaux du pays qui ont été affectés par ce logiciel malfaisant, qui exploite une faille dans les systèmes d'exploitation Windows du géant américain Microsoft.
Le Parti travailliste, principale formation d'opposition, a dénoncé la négligence des Tories et la cure d'austérité imposée par la premier ministre Thérésa May et son prédécesseur David Cameron au NHS, une institution au bord du gouffre financier. "Les coupes budgétaires opérées par les Tories ont conduit à rendre les services aux patients vulnérables aux cyberattaques", a carrément dénoncé le chef du Labour Jeremy Corbyn lors d'un congrès d'infirmières à Liverpool (nord de l'Angleterre) lundi matin. Selon le Labour, qui fait de la défense du NHS l'un de ses principaux chevaux de bataille dans la campagne et promet des milliards d'investissements supplémentaires, les signaux d'alarme n'ont pourtant pas manqué avec des attaques enregistrées par 79 services du NHS depuis juin 2015.
Le Parti libéral-démocrate a lui dénoncé la décision prise en 2015 de ne pas renouveler l'accord de soutien technique avec Microsoft concernant le système Windows XP, particulièrement vulnérable à la cyberattaque, estimant que cela avait laissé le pays "sans défense".
En déplacement de campagne dans l'Oxfordshire lundi, Theresa May a répliqué en affirmant que son gouvernement avait consacré 1,9 milliard de livres (2,24 milliards d'euros) l'an dernier à la cybersécurité. "Nous prenons le sujet de la cybersécurité au sérieux", a-t-elle dit, tentant de désamorcer la polémique en soulignant que le NHS n'avait pas été la seule victime des pirates informatiques qui s'en sont pris à quelque 200 000 entités à travers 150 pays dans le monde. Son porte-parole a lui affirmé que le budget informatique annuel du NHS était de 4,2 milliards de livres (4,94 milliards d'euros), complétés par une enveloppe de 50 millions de livres (58,8 millions d'euros) dédiée à la cybersécurité.
Le National Audit Office, organe indépendant chargé du contrôle de l'utilisation des fonds publics, avait pourtant mis en garde en novembre que le NHS était obligé de réorienter une partie de ces fonds à la gestion quotidienne des services face au déficit de financement récurrent dont il souffre…
Alors que l’usage de Microsoft XP est en cause, le porte-parole de Theresa May a affirmé que ce système n’était plus utilisé que par 4,7 % des organismes du NHS, contre quelque 18 % fin 2015. Mais Kingsley Manning, un ancien responsable de NHS Digital, service qui gère l'informatique du NHS, a affirmé samedi sur la BBC que plusieurs centaines de milliers d’ordinateurs du NHS utilisaient encore Windows XP.
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