Assises au Sénat

Violences sexuelles : des Assises pour alerter l'opinion et mobiliser les professionnels

Publié le 10/01/2014
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Crédit photo : VICTOR DE SCHWANBERG/SPL/PHANIE


Depuis plusieurs années le docteur Natacha Regensberg s’implique face aux violences sexuelles. En tant que médecin généraliste et forte de son expérience accumulée sur le sujet, elle interviendra lundi aux premières assises nationales de l’association Stop aux Violences Sexuelles (SVS).  Toute la journée au Sénat un état des lieux des violences sexuelles sera en effet dressé « Il s’agit de voir où on en est maintenant, quels sont les dégâts quantitatifs, les dégâts qualitatifs, et d’évaluer le coût humain, social et économique de ces violences » explique le Dr Regensberg. Des propositions seront également faites pour établir un plan d’action sur cinq ans.

Le programme des assises:

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Violences sexuelles, une nouvelle ALD ?

Car, Natacha Regensberg en est convaincu, ce fléau est aussi un véritable problème de santé publique. Elle développera ce thème lors de sa communication de lundi « L’idée est de traiter le problème des violences de façon épidémiologique, de dire qu’il s’agit d’une maladie qui se propage, qui est contagieuse et qui nécessite un traitement pour les victimes comme pour les agresseurs. Il faut considérer que c’est une pathologie de longue durée mais avec des spécificités, elle ne peut donc pas rentrer dans une ALD préexistante », d’où l’intitulé de sa conférence « Objectif « ALD31 » ».

Eduquer et former les généralistes

Pour cette généraliste de 46 ans exerçant dans le 17ème arrondissement de Paris, c’est à travers ses patients que le problème des violences sexuelles s’est imposée «  Je fais partie d’un réseau de lutte contre la douleur, et même si au début on n’a pas le réflexe de poser la question, chez mes douloureux chroniques j’ai constaté une prévalence des violences sexuelles ».
Cette prise de conscience de la place du généraliste face aux violences sexuelles la pousse à s’engager davantage sur la question. Aujourd’hui elle fait partie de l’association SVS et de son groupe de travail.

A ses yeux le généraliste est très concerné par ce problème de société « Le médecin généraliste est un premier recours, il va recueillir les témoignages. Il faut donc sensibiliser les généralistes à ça, mais aujourd’hui tous n’en ont pas conscience et beaucoup sont gênés de poser la question. Il y a un souci d’éducation mais il s’agit aussi d’un sujet très complexe, rien que sur le thème du signalement des violences on peut en débattre longtemps ». Le Dr Regensberg souligne donc la nécessité de former les généralistes qui se trouvent quelques fois démunis sur ces questions et n’ont pas forcément les outils pour répondre à leurs patients. « On ne peut pas se cantonner à l’aspect médical, l’approche juridique par exemple est  essentielle pour pouvoir aider nos patients, savoir quels sont leurs recours, les conseiller au mieux ». « D’autant plus qu’aujourd’hui une femme sur quatre est ou a été victime de violences sexuelles, c’est donc une question qui peut toucher tout le monde".

Amandine Le Blanc



Source : lequotidiendumedecin.fr