LE QUOTIDIEN : Vous êtes le nouveau président de l’Isnar-IMG, quels dossiers comptez-vous défendre durant votre mandat ?
BASTIEN BAILLEUL : Parmi les chantiers que je souhaite mettre en avant, il y a la quatrième année d’internat de médecine générale pour laquelle nous avons toujours des positions à défendre, les luttes contre les menaces de coercition à l’installation et contre les violences sexistes et sexuelles et la défense de l’écologie. En ce qui concerne cette quatrième année, nous y sommes toujours opposés. D’autant plus qu’on a le sentiment qu’on se moque clairement de nous. Les facs ne sont pas encore prêtes à accueillir les docteurs juniors, les enseignants n’ont pas encore de programme. Il y a de plus des contraintes d’ordre technique avec les cabinets qui ne sont pas encore disponibles pour accueillir les internes de 4e année. Un docteur junior ne doit pas se retrouver seul dans son cabinet. Il va donc falloir trouver des cabinets avec un médecin thésé accueillant sur place. Les maîtres de stage n’ont aujourd’hui aucune idée de comment organiser l’année de docteur junior et de comment accueillir leurs internes dans les meilleures conditions. À cela se rajoutent les conditions d’agrément des stages, auquel nous tenons absolument, et les conventions types à mettre en place avec les maîtres de stages. À ce jour, il n’y a aucune avancée. Nous sommes dans le flou le plus complet.
La question de la possibilité pour les internes d’effectuer des stages hors du seul secteur de la pédiatrie a-t-elle été enfin tranchée ?
Ces stages couplés qui permettraient aux internes de 4e année de faire de la gynécologie et de la pédiatrie pendant six mois pour leur dégager ensuite un stage libre où ils pourraient découvrir une autre spécialité de leur choix est une possibilité sur laquelle l’Isnar-IMG pousse beaucoup. Mais la maquette aujourd’hui n’est pas encore prête. Notre dernière enquête réseau montre qu’il y a encore plusieurs subdivisions qui n’ont pas du tout avancé sur les stages couplés. Alors que l’échéance approche à grand pas puisqu’ils qu’ils devraient être opérationnels ce prochain semestre, en l’occurrence, pour novembre 2024.
Vous dites que la défense de la liberté d’installation sera aussi un de vos chevaux de bataille…
La coercition, nous sommes et serons toujours contre. C’est une atteinte directe à notre liberté d’installation, que ce soit pendant notre année de docteur junior ou par la suite, au moment de notre installation définitive. La coercition est une mesure politique pour essayer de donner l’impression à la population qu’on va envoyer des internes et des jeunes médecins pour régler leurs difficultés d’accès aux soins. Mais la coercition est une mesure spatiale pour essayer de répartir les internes et les médecins sur le territoire, alors qu’aujourd’hui le problème d’accès aux soins est un problème numérique. On manque de médecins. C’est en train d’être corrigé avec la mise en place du numerus apertus, qui devrait entraîner une augmentation drastique du nombre d’étudiants en médecine. Cela va prendre du temps. Il faut a minima dix ans pour former un médecin.
Durant cet intervalle, comment améliorer l’accès aux soins de la population ?
Nous défendons le fait qu’il existe d’autres solutions pour inciter les internes à potentiellement s’installer dans des territoires à faible démographie médicale plutôt que de les obliger à s’installer. Pour donner envie à un interne de s’installer dans tel ou tel endroit, il faut lui donner l’opportunité d’y vivre avant et ne pas l’y obliger. Nous proposons d’élargir les lieux où l’enseignement est dispensé, qui reste trop CHU centré.
L’Isnar met la dernière main à la nouvelle édition de son enquête sur la santé mentale des internes. Quand sera-t-elle rendue publique ?
La première, réalisée en 2021, montrait des résultats alarmant sur la santé des internes en période post-covid. Notre réédition est en cours de finalisation. Nous devrions en présenter les résultats à l’automne.
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