Dans son récent rapport offensif sur l'avenir de l'assurance-maladie, la Cour des comptes regrettait « l’insuffisante disponibilité des médecins, en particulier tôt le matin ou en soirée, ou pour des rendez-vous non programmés... ». Les magistrats de la rue Cambon préconisaient de conditionner une partie des rémunérations des médecins au développement de la permanence des soins, de l’extension des horaires d’ouverture et de la réponse de soins non programmée dans le but de désengorger les urgences hospitalières.
Antoine Durrleman, président de la 6e chambre de la Cour, et principal artisan de ce rapport, allait un peu plus loin dans un entretien au Généraliste. « Des maisons de garde, avec une amplitude horaire suffisante, pourraient être ouvertes, confiait-il. Des plages de consultation sans rendez-vous, qui ont tendance à disparaître, doivent également être restaurées. »
Des créneaux pour les soins non programmés
Les médecins de famille français conservent-ils une plage de consultation libre pour les urgences ? Selon le sondage réalisé en ligne par Le Généraliste (215 réponses), un peu plus de la moitié des omnipraticiens (52,5 %) ont dit maintenir un temps spécifique pour accueillir des soins non programmés, tandis que 40,5 % ne travaillent plus que sur rendez-vous, 7 % recevant occasionnellement des plages libres sur leur agenda.
« Je travaille depuis 1978 sans rendez-vous, j'ai 67 ans et je veux poursuivre jusqu'à fin 2020... mais je filtre, le divorce à l'amiable fait partie du deal », explique Christian B, de Royan.
« Il est indispensable de prévoir des créneaux pour les consultes non programmées, et si chacun d'entre nous le fait il n'y aura aucun souci », estime le Dr Philippe F de Saint Pardoux La Rivière (Dordogne).
Les médecins ne sont pas tous sur la même longueur d'onde. Certains refusent de laisser une quelconque place à l'incertitude sur ce que sera leur journée de travail. « Je ne prends plus de consultations sans rendez-vous depuis 20 ans et il est hors de question d'en remettre car ce serait ingérable de travailler correctement avec 15 personnes dans la salle d'attente », commente le Dr Thierry L, à Cerisy-la-Forêt (Manche).
Le confort de la journée programmée
Exercer sur rendez-vous apporte, selon plusieurs médecins, plus de « confort » pour gérer son emploi du temps. C'est ce qu'estime le Dr Éric R, à Sainte-Geneviève des Bois (Essonne). « J'ai connu les consultations libres au début de mon installation et c'était l'enfer... relate-t-il. Pour rien au monde je n'y reviendrai. »
Pour autant, de nombreux praticiens, qui programment leur journée de consultation, demeurent relativement souples et sont prêts à aménager leur planning. « Je n'ai pas de plage sans rendez-vous mais je rajoute des créneaux à la demande selon le besoin », relate le Dr René C, d'Ouzouer-sur-Loire (Loiret). Certains ont trouvé la parade pour éviter les demandes de rendez-vous en urgence abusives, à l'instar du Dr Jean-Michel R, généraliste à Marcoing (Nord). « J'en avais marre de voir arriver 5 péquins moins de 5 minutes avant la fin de la plage sans RV se terminant 20 heures... relate-t-il. À la place je réserve des plages en fin de journée pour les vraies urgences, avec dépassement franc pour ceux qui confondent urgence et gens pressés. »
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