En invitant les représentants de syndicats de médecins séniors et juniors à l’occasion de son Université d’été, la CSMF entendait réunir la profession autour de propositions communes pour peser davantage face aux décideurs politiques. Les organisations seniors (MG France et FMF – le SML et Le Bloc n’étaient pas présents) et juniors (Anemf, Isni, Isnar-IMG et ReAGJIR) ont toutes accepté l’invitation de la CSMF à travailler ensemble pour l’avenir de la profession. Il apparaît toutefois que certains sujets sont encore loin de faire consensus entre les jeunes médecins et les moins jeunes. Cette tentative d’union est un pari puisque la jeune génération n’aspire pas à la même médecine que celle défendue depuis des décennies par les syndicats de médecins libéraux seniors.
Représentativité
Le fonctionnement des organisations syndicales, déjà, n'est pas le même. Pas de système d’élection chez les représentants de jeunes médecins contrairement aux syndicats seniors dont le fonctionnement et la représentativité sont déterminés par les élections URPS. « Nous avons une représentation totalement différente de celle des syndicats seniors avec un bureau national qui est un organe exécutif du conseil d’administration, explique la présidente de l’Isnar-IMG Lucie Garcin. C’est un système ascendant car nous faisons part des enjeux nationaux à nos adhérents afin qu’ils nous disent ce qu’ils en pensent puis nous portons leur voix au niveau national », poursuit l’interne.
Alors faut-il dire adieu au système d’élections ? Les syndicalistes ne sont pas tous d’accord. « Il y a encore beaucoup de travail pour que la voix des jeunes médecins soit entendue, estime la présidente de ReAGJIR (médecins remplaçants et jeunes installés). De plus les remplaçants n’ont pas leur place dans ces élections par exemple. Proposer un autre système pour représenter la profession est une bonne idée » ajoute la généraliste.
Le Dr Jean-Louis Bensoussan, secrétaire général de MG France, n’est pas contre une réflexion sur l’avenir des élections. « Peut-être que ce n’est pas le bon moyen d’asseoir notre représentativité et qu’il faut repenser à l’utilité réelle de ces élections professionnelles. Est-ce que ça sert vraiment de dépenser autant d’énergie, d’argent et de forces vives dans une bataille comme celle-là ? Je ne sais pas », confie le médecin toulousain. D’autres, comme le Dr Jean-Paul Hamon de la FMF, restent très attachés au système actuel même si la participation aux élections est de moins en moins importante. « 40 % de participation ce n’est pas plus honteux que les participations aux élections européennes ou ailleurs », estime-t-il.
Des visions différentes de la médecine
Outre la représentativité, la question de l’exercice pourrait également être un point de blocage entre les organisations. Sur le partage de compétences par exemple, le Dr Hamon affirme avoir ressenti l’inquiétude de ses internes « qui ne savent pas quel métier ils vont exercer, quand une partie peut être fait par les infirmières en pratique avancée, les pharmaciens, les kinés »… Les syndicats de jeunes, eux, défendent cet exercice coordonné et pluriprofessionnel. « Là-dessus on diverge vraiment, affirme le Dr Dominjon de ReAGJIR. Nous défendons une dynamique de travail ensemble avec tous les professionnels… dans les équipes de soins primaires, dans les MSP… ». Lucie Garcin rejoint également cette volonté de travail en commun. « Ces prises en charge peuvent vraiment être bénéfiques pour le patient. Déjà au niveau des internes nous travaillons avec les autres associations de jeunes professionnels de santé ».
Rémunération
La part du forfait dans la rémunération des médecins est aussi un point qui ne met pas tout le monde d’accord. Les syndicats seniors sont en effet très attachés au paiement à l’acte. « Nous pensons que l’acte doit rester au cœur de la prise ne charge du soin », a réaffirmé le Dr Ortiz. Si les jeunes ne demandent pas de passer au tout forfait, ils estiment que des évolutions sont nécessaires. « L’Isnar porte la position d’avoir une rémunération un peu plus variée pour mieux coller au parcours de soins et à des actions de prévention mieux valorisées, tout en gardant une part importante de paiement à l’acte. Il y a beaucoup de choses à réfléchir sur notre modèle économique », estime Lucie Garcin. « Nous restons attachés au paiement à l’acte mais ne sommes pas opposés à faire évoluer les forfaits, assure le Dr Bensoussan. Nous sommes déjà passés de 6 à près de 14 % de forfaits aujourd’hui. L’objectif est pour MG France d’arriver à 20 % ».
Ce rendez-vous réunissant les représentants syndicaux de toutes les générations a amorcé quelques réflexions mais aussi mis en avant quelques divergences. Le défi de rassemblement est donc grand mais la volonté est bien là. Le Dr Ortiz a invité l’ensemble des participants à se réunir prochainement pour démarrer ce travail de réflexion intersyndical et élaborer des propositions communes.
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