La ministre de la Santé doit rendre dans les prochains jours sa décision sur le futur dispositif de régulation santé. Si Agnès Buzyn reste fidèle aux préconisations formulées dans le rapport Carli/Mesnier sur « le pacte de refondation des urgences », un numéro unique, le 113, devrait être privilégié au détriment du numéro de régulation libérale, le 116 117, défendu par les syndicats de médecins de ville. MG France a déploré ce mercredi le passage aux oubliettes de cette revendication. Le syndicat entend toutefois défendre la place des libéraux dans le futur dispositif de régulation santé : le Service d'accès aux soins (SAS).
« Si Mme Buzyn fait le choix d'écarter le 116 117, elle ne doit pas oublier le fondement de ce numéro et permettre, au sein du SAS, une identification claire des soins ambulatoires », affirme le président du syndicat le Dr Jacques Battistoni. MG France réclame une gouvernance équilibrée ville-hôpital au sein du futur dispositif de régulation et des moyens importants pour le volet libéral. Pour rappel, le SAS doit être mis en place à l'été 2020 et est défini par le gouvernement comme « un service distant universel, visant à répondre 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, 365 jours par an à la demande de soins des Français ».
Forfait structure enrichi
Le syndicat de généralistes a ainsi présenté ce matin un plan chiffré et ambitieux pour les soins non programmés (SNP) avec un investissement total de 370 millions d'euros par an. Le Dr Battistoni et ses équipes se sont basés sur les préconisations budgétaires figurant dans le rapport du député Thomas Mesnier et du Pr Pierre Carli, rendu à la ministre au mois de décembre. Ces derniers estimaient un besoin de financement total pour les deux volets, hospitalier et ambulatoire, entre 160 et 207 millions d'euros en année pleine pour répondre à la demande de soins non programmés au sein du SAS. Cela comprend les coûts de régulation, de formation des régulateurs, de matériel ou encore de local nécessaires à la mise en place du SAS.
En prenant en compte la fourchette haute d'investissement de 207 millions, MG France demande une enveloppe supplémentaire chiffrée à 123 millions d'euros pour ajouter des indicateurs de prise en charge des soins non programmés dans le forfait structure des médecins généralistes. « Cela inciterait les praticiens à s'investir dans les organisations territoriales pour les soins non programmés et à se doter d'outils modernes adéquats comme un agenda partagé afin de pouvoir répondre aux demandes émanant du SAS », explique le Dr Battistoni. Le généraliste estime que le forfait structure pourrait ainsi être gonflé de 400 points, soit 2 800 €.
Pour une majoration de 10 euros par patient non programmé
Enfin, le syndicat réclame une majoration de 10 euros pour les médecins effecteurs qui accepteraient de prendre en charge des patients envoyés par le 113 en journée. Le coût total est estimé par le syndicat à 40 millions d'euros. « Cette majoration pourrait être rétrocédée sous la forme d'un forfait, propose MG France. Avec toutefois un maximum d'actes par praticien afin que certains ne se spécialisent pas dans ce type de consultations non programmées », prévient l'organisation. Cet investissement total important d'environ 370 millions d'euros ne « coûterait pas plus cher que les 4 millions de passages aux urgences qui pourraient être pris en charge en ville », selon le patron de MG France Jacques Battistoni.
Le syndicat revendique par ailleurs depuis plusieurs mois l'extension des horaires de permanence des soins au samedi matin. Le Dr Battistoni a affirmé ce matin que le mouvement de grève et de fermeture des cabinets les samedis matin se poursuivrait « jusqu'à ce que les demandes du syndicat soient entendues par les pouvoirs publics ».
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