Le président de la République a annoncé ce jeudi, lors d'une allocution télévisée de 25 minutes, de nouvelles mesures draconiennes pour tenter de limiter la propagation de l'épidémie de coronavirus, « la plus grave crise sanitaire qu'ait connu la France depuis un siècle ».
« La priorité absolue de notre nation sera notre santé », a affirmé Emmanuel Macron, en introduction de son discours de 25 minutes, qui a salué le « sang-froid » des Français, et la « reconnaissance de la nation » aux professionnels de santé, « ces héros en blouse blanche ».
Sans décréter le passage au stade 3 (épidémique), le chef de l'État a décrété plusieurs mesures de confinement. Il a notamment demandé aux personnes de plus de 70 ans, celles qui souffrent de maladies chroniques ou de troubles respiratoires et aux personnes en situation de handicap, de « rester autant que possible à leur domicile » pour « limiter leurs contacts au maximum ». Cette mesure complète l'interdiction des visites en EHPAD, annoncée la veille par le ministère de la Santé, qui faisait suite à un déplacement du président de la République dans une maison de retraite, il y a une semaine.
Fermeture des écoles
Emmanuel Macron a par ailleurs annoncé la fermeture des crèches, écoles, collèges, lycées et universités « dès lundi et jusqu'à nouvel ordre », pour « protéger » les enfants et « réduire la propagation » du coronavirus. « Un service de garde sera mis en place région par région » pour que les personnels « indispensables à la gestion de la crise sanitaire » puissent « faire garder leurs enfants et continuer d'aller au travail », a-t-il ajouté.
Le président a demandé aux entreprises de permettre à leurs employés de télétravailler.
Et en a appelé à la responsabilité de tous les Français qu'il a invité à « limiter leurs déplacements au strict nécessaire ».
Le premier tour des élections municipales, ce dimanche 15 mars, sera cependant maintenu, a annoncé jeudi Emmanuel Macron, s'appuyant sur l'avis de scientifiques. L'ensemble des mesures a semble-t-il été l'objet d'une concertation avec le conseil d'experts mis en place mercredi par le ministère de la Santé. « Nous avons en France les meilleurs virologues, les meilleurs épidémiologistes, des spécialistes de grand renom, des cliniciens aussi, des gens qui sont sur le terrain et que nous avons écoutés, comme nous le faisons depuis le premier jour », a simplement indiqué le président.
Protéger nos hôpitaux
Emmanuel Macron a insisté sur l'urgence de préserver le bon fonctionnement des établissements hospitaliers qui seront amenés à prendre en charge les cas les plus graves. « Nous prenons des mesures très fortes pour augmenter massivement nos capacités d'accueil à l'hôpital car l'enjeu est de continuer à aussi soigner les autres maladies », a expliqué le chef de l'État. Il a souligné l'importance de ralentir au maximum l'épidémie pour « protéger nos hôpitaux », et éviter l'accumulation de patients en détresse respiratoire dans les services d'urgence et de réanimation. Les opérations non urgentes seront reportées. « Toutes les capacités hospitalières nationales ainsi que le maximum de médecins et de soignants seront mobilisés », a expliqué Emmanuel Macron, qui a cité les étudiants et les jeunes retraités.
Les Français ont eux été invités à la plus « grande discipline individuelle et collective », en respectant les fameux gestes barrières contre le virus (lavage fréquent des mains, se saluer sans se faire la bise ou se serrer la main, se tenir à distance d'un mètre).
À la fin de son intervention, le chef de l'État a exprimé une pensée pour les médecins, infirmiers et à tous les soignants hors de l'hôpital qui vont être de plus en plus sollicités dans les semaines à venir. Selon le ministère de la Santé, 2 876 cas avaient été confirmés par un test PCR jeudi soir soit près de 600 cas supplémentaires en 24 heures. 129 cas graves nécessitaient une réanimation, la France enregistrant 61 décès*.
Il a annoncé que le ministre de la Santé préciserait dans les prochaines heures les règles pour se protéger contre le virus et sur l'organisation des soins. « Les règles seront claires pour chacun, elles seront là aussi proportionnées et expliquées », a-t-il sobrement indiqué sans évoquer la question des moyens de protection à l'heure où les professionnels déplorent manquer notamment de masques.
Les médecins libéraux plutôt satisfaits
La profession a dans son ensemble, plutôt salué l'intervention du chef de l'État. « Les mesures annoncées sont relativement fortes et montrent que le président de la République a pris la mesure de l'évolution du virus, confie le Dr Jean-Paul Ortiz, président de la CSMF. Je regrette cependant qu'il ait très peu parlé du recours à la médecine de ville et qu'il n'ait pas profité de cette allocution pour inviter les Français à ne pas appeler le 15. » Ce qu'avait fait Emmanuel Macron, il y a deux jours. Le SML approuve les « mesures de précaution sanitaire de bon sens » annoncées ce soir par le Président de la République afin de protéger les personnes les plus fragiles. « Les médecins libéraux seront au rendez-vous de l'unité nationale mais les mesures de protection doivent arriver vite sur le terrain », souligne le syndicat présidé par le Dr Philippe Vermesch. Le Dr Jean-Paul Hamon (FMF) juge également les mesures « adaptées » et approuve l'objectif d'éviter à tout prix l'embolie des lits de réanimation.
* Article mis à jour le 13 mars à 9h20
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