Médecin traitant bousculé, médecin traitant contourné mais médecin traitant irremplacé. Même si certains patients lui font des infidélités, le dispositif mis en place avec la réforme de l’Assurance maladie de 2004 est devenu incontournable. 93 % des usagers ont déclaré un médecin traitant, selon l’Assurance maladie et désormais, même les patients de moins de 16 ans peuvent avoir un praticien attitré – dans plus de neuf cas sur dix, un généraliste. Toutes les enquêtes le montrent, le médecin traitant demeure le praticien à qui les patients font le plus confiance pour les soigner au quotidien, tenir à jour leur dossier médical ou les orienter dans le parcours de soins. Il reste la référence, bien devant les sites d’information et autres applis médicales.
Pour autant, et notre dossier l’illustre, le médecin traitant n’a jamais autant été soumis à concurrence. Certains praticiens déjà surchargés et souhaitant préserver leur qualité de travail refusent tout nouveau patient. Des acteurs privés tentent d’exploiter cette brèche et proposent l’accès à un médecin pour une visite, un téléconseil et maintenant une téléconsultation. Par ailleurs, l’encouragement récent par les politiques de l’exercice de groupe pluridisciplinaire et la délégation de tâches menacent de fragiliser l’édifice mis en place il y a près de 15 ans.
Un autre danger guette. Agnès Buzyn l’a réaffirmé à Public Sénat, elle souhaite mettre en place « des tarifications par parcours, dont les professionnels de ville ou de l’hôpital vont avoir chacun une part ». Cette nouvelle rémunération forfaitaire serait d’abord réservée aux patients en ALD, le paiement à l’acte restant l’apanage des « consultations aiguës ». D’aucuns voient cette évolution comme un danger. Ils redoutent le flicage que pourrait engendrer cette forfaitisation, et surtout la mise à mort du statut libéral. « Faire de tous les médecins libéraux des praticiens salariés, est-ce là le but ultime ? », résume le SML.
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