Le père de mon copain Martin vient de sortir de mon bureau. Il vient de m'annoncer la mort brutale de son fils à 50 ans : « Le médecin du SAMU m'a dit qu'il a fait un infarctus massif ». Martin était médecin généraliste. Un type bien. Pas de facteur de risque cardio-vasculaire. Un seul défaut : un dévouement sans faille à sa trop grande patientèle dans un département sous-médicalisé.
Vendredi, 15 heures, on l'appelle pour le décès d'un de ses patients, âgé de 39 ans, dont il était proche. Martin est effondré. La salle d'attente grogne : il va encore être en retard dans ses consultations. Vendredi, 17 heures, deuxième décès d'un patient de 61 ans qu'il aimait beaucoup. Martin revient à son cabinet après être allé signer le certificat de décès. La salle d'attente est en ébullition. Il aurait dû partir, rentrer chez lui, se sauver pour sauver sa peau. Il a travaillé jusqu'à 22 heures.
À la maison, il a embrassé sa femme et ses trois enfants. Il s'est assis dans son grand fauteuil. Il a porté sa main à l'épigastre. Il est mort en moins d'une minute. Récupérer ce drame à des fins politiques serait indécent.
Je dis à mes confrères : prenez soin de vous ! Un soignant vaut un soigné. Et l'un ne peut exister sans l'autre.
Mais je ne peux m'empêcher de penser aux Touraine, Saout et autres Dormont qui semblent ignorer qu'il existe des femmes et des hommes qui, dans ce pays, consacrent leur vie, au risque de la perdre, à soigner inlassablement et qui méritent mieux que le mépris et l'opprobre qu'on leur oppose.
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences
Renoncement aux soins : une femme sur deux sacrifie son suivi gynécologique