À vouloir jouer au petit jeu de la communication en matière d’accès aux soins pour rassurer la population, le ministère de la Santé prend décidément le risque de braquer les professionnels de terrain, médecins en tête. La semaine dernière, Frédéric Valletoux évaluait à seulement une cinquantaine le nombre d’hôpitaux en tension cet été. Des propos qui lui ont valu de recevoir une volée de bois vert de la part de plusieurs syndicats hospitaliers et d’hériter de la médaille d’or de la mauvaise foi.
Côté médecins libéraux, Ségur se propose cette fois de référencer « les lieux de soins » permettant d’accéder à des consultations de médecine générale en principe sous deux jours, si le médecin traitant n’est pas disponible. Cette carte, accessible sur le site Santé.fr, permet de localiser dans chaque région les structures « capables d’assurer des soins en moins de 48 heures », sans qu’ils relèvent de l’urgence vitale : maisons et centres de santé, maisons médicales de garde, cabinets médicaux pour certains soirs et week-ends. La carte est mise à jour régulièrement pour refléter les disponibilités et les heures d’ouverture en temps réel, vante le ministère.
À ce détail près que l’intendance ne suit pas dans tous les bassins de vie, en tout cas pas dans le département du Cher. C’est le journal Le Berry Républicain qui a levé le lièvre dans son édition du 23 août. La rédaction a contacté chacune des six structures indiquées sur le site du ministère (aujourd’hui sept). Problème, aucune n’avait « vraiment la capacité d’accueillir de nouveaux patients dans le Cher ». Y aurait-il tromperie sur la marchandise ?
Le ministère a ouvert le hall de gare et il n’y a pas de trains au départ
Dr Walter Lanotte, médecin généraliste, installé dans le Cher depuis 1992
« Le ministère a ouvert le hall de gare et il n’y a pas de trains au départ. On est effectivement sur le terrain de la communication. Cela a été fait sans tenir compte de la réalité locale », déplore, fataliste, le Dr Walter Lanotte, président de la CPTS du Pays de Bourges.
Mais ce qui agace surtout le généraliste de 64 ans, c’est qu’une telle opération pourrait faire des déçus auprès de la population, au risque de mettre sous le boisseau les réelles initiatives de terrain en cours de déploiement. Ainsi, le service d’accès aux soins (SAS) dans le département « va être opérationnel cet automne ». Cette plateforme universelle de réponse rapide aux appels urgents et demandes de soins de soins non programmés doit permettre justement, en collaboration avec les confrères hospitaliers du Samu, « d’orienter les patients qui en ont besoin vers les soins dans les 48 heures qui suivent leur demande ».
Bientôt une structure d’accueil de stagiaires de santé
Dans le même esprit, les CPTS qui couvrent ce bassin de vie d’environ 300 000 habitants mettent la dernière main à leur projet d’accueil de stagiaires de santé dans des structures « en dur ». Des étudiants en médecine mais aussi de futurs infirmiers et sages-femmes. Soit 28 places prévues par rotation pour faire découvrir le territoire et l’exercice dans ce département fragilisé par la désertification médicale. En tout, une centaine de stagiaires sont attendus à l’année. « On sait que le taux de personnes qui restent après avoir découvert leur possible nouvel environnement d’exercice est d’environ 10 % », rappelle le patron de la CPTS. Un bon début pour répondre aux difficultés d’accès aux soins. Et qui n’a rien d’un coup de com’.
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