Nouvelles régions, mise en place du 116-117, modifications des cahiers des charges… La permanence des soins ambulatoire (PDSA) a connu d'importantes mutations en 2018. Le rapport annuel de l'Ordre des médecins mis en ligne ce lundi dresse le bilan 2018 de la PDSA. L'an passé, le taux de volontariat national s’élevait à̀ 38,6 % dans 79 départements sur 101, ce qui représente 23 197 médecins volontaires pour 60 131 médecins susceptibles d'y participer. Il faut cependant noter que la disparité des taux d'un département à l'autre est très importante et la participation peut varier « de moins de 10 % pour certains à̀ 100 % pour d’autres ». À Paris par exemple, l'activité de SOS médecins conduit à un taux de participation relativement faible.
Selon les données de l'Ordre, entre 2017 et 2018, 19 % des départements ont connu une hausse de leur taux de participation (effection). Ce fut le cas par exemple en Corrèze, dans l’Indre ou le Jura. Pour les autres départements, il est resté majoritairement stable ou a diminué (Graphique). Il est cependant difficile d'analyser cette année l'évolution de la participation globale aux gardes car le Cnom a changé de méthodologie de calcul et a recueilli en 2018 directement les chiffres issus de l'outil national de gestion des gardes "Ordigard". Auparavant, le rapport annuel se basait uniquement sur des données déclaratives. 102 conseils départementaux y ont répondu.
+45 % de retraités, remplaçants et salariés
S'il est difficile de comparer le taux de volontariat par rapport aux années précédentes du fait de cette nouvelle méthodologie, le Cnom a identifié une légère hausse de la participation à la régulation en 2018. 2 535 médecins libéraux installés ont participé à la régulation médicale, soit une baisse de 1,4 % par rapport au nombre de médecins recensés en 2017. Leur participation est effective dans la quasi-totalité des départements, hormis pour la Lozère, les Ardennes, le Territoire de Belfort, la Guyane et Mayotte. Or, cette baisse est à relativiser puisqu'elle est compensée par la hausse du volontariat chez les médecins salariés, retraités et remplaçants.
Ainsi, 394 médecins d'entre eux se sont engagés (+45 %), entraînant une hausse de 3 % de la participation à la régulation par rapport à 2017. Le rapport explique ce transfert par « le changement de statut d’un certain nombre de médecins libéraux passés à la retraite en 2018 sans avoir mis un terme à leur activité de régulateur, impliquant un basculement de ces mêmes médecins d’une catégorie à l’autre ». La hausse tient donc davantage à l'implication des médecins retraités qu'à l'adhésion de la nouvelle génération aux gardes.
Nouvelles régions et harmonisation des astreintes
La fusion des anciennes régions et la mise en place du numéro national 116-117 pour la PDSA a nécessité l'an passé une révision des cahiers des charges régionaux. Parmi les 65 conseils départementaux de l'Ordre concernés par la fusion des régions, 56 % ont déclaré avoir réorganisé leurs gardes, entraînant un « ajustement des plages horaires et de la sectorisation de la PDSA, une révision des forfaits d’astreinte et l’activation technique du numéro de régulation national 116-117 ».
Les astreintes ont été harmonisées par le haut dans les nouvelles régions car des disparités importantes existaient. Le forfait de régulation varie toujours entre 70 € et 125 €, tous créneaux confondus (tableau). La révision des cahiers des charges a généralement accéléré le découpage des terrioires de gardes. Entre 2017 et 2018, on note une réduction du nombre de territoires de PDSA de 9 % en soirée de semaine, de 10 % les week-ends et jours fériés et de 8,5 % en nuit profonde.
La revalorisation des forfaits d’effection a pour sa part été moins notable que celle des régulations. Elle a concerné la région Hauts-de-France et a été annoncée sans être encore effective en 2018 pour les régions de Nouvelle-Aquitaine et Normandie. Les forfaits d’astreintes d’effection étaient compris entre 50 € à 600 € pour l’effection fixe et entre 50 € et 828 € pour l’effection mobile en 2018.
Profil des médecins
Le rapport dresse également le profil des médecins volontaires. Il s'agit majoritairement d'hommes, 70 % pour les régulateurs et 62 % pour les effecteurs alors que l'Atlas démographique de l'Ordre identifie 50,8 % d'hommes chez les généralistes en activité en 2019. L’âge moyen des effecteurs est cependant en baisse avec un passage de 50 ans en 2017 à 47,4 ans en 2018. La moyenne d'âge d'un généraliste étant de 50,4 ans. Les plus jeunes effecteurs se trouvent dans le Val-de-Marne (41,8 ans) et les plus vieux dans le Loiret (53,3 ans).
La grande majorité des médecins effecteurs se situe entre 35 et 59 ans. L’âge moyen des médecins régulateurs n’a lui pas évolué et stagne à 55,4 ans en 2018. Les plus jeunes régulateurs sont dans le Cantal (48,9 ans) et le maximum de 66,1 ans est enregistré dans le Tarn-et-Garonne. Enfin, les réquisitions préfectorales sont en baisse en 2018. 22 départements y ont eu recours, soit 2 de moins qu’en 2017.
En parallèle de la publication de son rapport annuel sur la permanence des soins, l'Ordre des médecins a commandé à l'institut Elabe une enquête sur les motivations et les freins des généralistes à faire des gardes.
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