Exercice en solo ? Non merci. La dernière enquête de l’Ordre sur les desiderata des jeunes généralistes pour leur parcours professionnel suggère – s’il en était encore besoin – que l’avenir de la profession s’écrira en grande partie hors des sentiers battus par leurs aînés. Cette étude confirme aussi que ces nouvelles pousses entendent prendre leur temps avant de visser leur plaque, mais qu’elles finiront par s’installer à la longue, en libéral pour la plupart. La relève arrivera sur le « marché », certes un peu plus tard que ses prédécesseurs des années 80 ou 90, mais elle sera au rendez-vous après quelques années de remplacements ou de salariat : la majorité choisissant alors la ville, un tiers d’audacieux osant même la campagne. Les optimistes se satisferont de cette bonne nouvelle : il fallait juste que jeunesse se passe…
À croire qu’il suffirait d’un peu de patience pour que la médecine ambulatoire se remplume… Las. Les faits sont pourtant têtus. En feuilletant l’Atlas de l’Ordre, on réalise à quel point la conjoncture est délétère et on se prend à rêver que nos décideurs s’y plongent à leur tour. Les statisticiens du Cnom pointent, en effet, une vraie urgence pour la démographie en médecine générale. Les chiffres actuels et, surtout, les projections pour la suite attestent que la discipline est entrée dans une forte zone de turbulences. Jugez plutôt : la profession a déjà perdu 8 500 confrères depuis 2007 et verra fondre 8 500 forces vives supplémentaires d’ici à 2025 ! Recherche médecins traitants désespérément… La quasi-totalité des départements étant impactée, il va falloir faire demain avec beaucoup moins de praticiens, en tentant à la fois d’attirer ceux qui veulent venir travailler – mais différemment – tout en retenant un peu ceux qui, dans un cadre plus traditionnel, sont à la tâche depuis des décennies.
Dans ce contexte, soyons sérieux, il n’est plus possible d’évoquer une simple crise démographique. C’est une véritable mutation que le secteur des soins primaires est en train de vivre, un peu à son corps défendant puisqu’il s’agit à la fois de penser la transition en organisant au mieux la pénurie tout en changeant les règles du jeu libéral. Le chantier est énorme. Il doit être la priorité du nouveau cadre conventionnel qui est en train de s’écrire et figurer au centre des plateformes santé de la campagne des présidentielles. Et autant dire que les futurs généralistes doivent avoir, d’une manière ou d’une autre, voix au chapitre.
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