Après l’identification d’un cas d’enfant présentant un taux supérieur au seuil réglementaire, les familles avec des jeunes enfants de moins de 7 ans et les femmes enceintes vivant sur l’île de la Cité, à Paris, sont invitées à faire doser le plomb présent dans leur sang, vient d’indiquer l’agence régionale de santé d’Ile-de-France (ARS).
L’agence, qui surveille les conséquences des retombées de plomb après l’incendie de Notre-Dame de Paris, a déclenché une « enquête environnementale » pour identifier, dans les lieux de vie de cet enfant, « la ou les causes de cette imprégnation et vérifier qu’elle n’est pas liée à d’autres facteurs que l’épisode exceptionnel » du sinistre survenu le 15 avril. L’enfant présente un taux supérieur au seuil réglementaire de 50 microgrammes par litre.
Un taux à peine supérieur au seuil toléré
« Ce taux de plombémie – semble-t-il à peine supérieur au seuil toléré – ne nécessite pas de traitement spécifique. Si l’enfant n’est pas soumis à une intoxication chronique, son organisme éliminera ce métal », explique le Dr Fabien Squinazi, membre de la Commission spécialisée risques liés à l'environnement du Haut conseil de santé Publique et ancien directeur du laboratoire d’hygiène de la ville de Paris, interrogé par Le Généraliste.
Ce taux « impose de s'assurer que les facteurs d'exposition ont bien disparu et de suivre régulièrement la santé de l’enfant » mais « il n'implique pas de prise en charge thérapeutique particulière », confirme l’ARS.
C’est donc « par précaution » que l’ARS invite les sujets à risque (enfants de moins de 7 ans, femmes enceintes) à se faire dépister. Pour les personnes qui le souhaitent, une consultation de dépistage sera mise en place sur rendez-vous au Centre de diagnostic de l'Hôtel Dieu à partir de mardi.
Pour le Dr Squinazi, « l’important c’est de dépoussiérer méticuleusement, avec un chiffon humide les appartements et les locaux susceptibles d’avoir été contaminés.» Une fois ce dépoussiérage effectué, les petits enfants ne risquent plus rien. La contamination se fait par ingestion et non pas par inhalation car les poussières contaminées émises par l’incendie de la cathédrale étaient lourdes et se sont déposées au sol.
Risque lié à l'ingestion de plomb
Cette recommandation de nettoyage a été faite aux riverains tout de suite après l'incendie. Les prélèvements effectués à partir du 17 avril par le Laboratoire central de la préfecture de police ont montré qu'il n'y avait pas de risque associé à la qualité de l'air mais que des valeurs hétérogènes, pour certaines élevées, étaient constatées dans les sols à proximité et dans certains locaux administratifs.
Les petits enfants sont particulièrement sensibles au plomb car ce métal passe plus facilement chez eux la barrière digestive que chez l’adulte. Et les intoxications aiguës sont rarissimes et d’origines professionnelles.
Pour cet expert du saturnisme : « l’enquête environnementale autour de cet enfant est indispensable pour éliminer toute cause autre que l’incendie de Notre Dame et aussi pour rassurer ». Les autres facteurs d'intoxication sont liés à la présence de peintures contenant du carbonate d’acide de plomb comme dans la céruse utilisée autrefois sur les murs ou bien l'usage régulier de poteries artisanales en guise de vaisselle.
Les intoxications au plomb sont « cumulatives et des taux qui franchissent le seuil de 50 microgrammes par litre sont généralement le fait d’intoxications répétées, chroniques, échelonnées sur plusieurs années », précise le Dr Squinazi. Selon lui, le délai entre la date de l’incendie et celui de la découverte de cet enfant intoxiqué, est un peu court pour expliquer ce taux modérément élevé. Pour autant, il se félicite de l’enquête engagée par l’ARS d’Ile-de-France.
L'agence procède à des prélèvements dans les appartements de familles vivant à proximité de la cathédrale, pour s'assurer de l'efficacité des opérations de nettoyage effectuées. Elle va informer cette semaine individuellement les familles des résultats des prélèvements dans leur logement et les conseiller dans les gestes à adopter pour prévenir d'éventuelles réintroductions de poussières dans les logements.
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