Quarante-huit heures après des manifestations ayant réuni quelque 100.000 "femmes en grève" vêtues de noir, le parti conservateur au pouvoir est contraint de revoir sa position sur l'IVG. La commission parlementaire a en effet voté mercredi soir pour le rejet de ce texte. Les protestations de lundi "nous ont fait réfléchir et nous ont donné une leçon d'humilité", a admis le ministre de la Science et de l'Enseignement supérieur, Jaroslaw Gowin (photo), alors que le parti au pouvoir avait voté le 23 septembre pour l'examen du texte en commission et le rejet d'un contre-projet libéral.
Une telle issue semblait probable, le rejet en commission ayant été demandé par un député conservateur du PiS, Witold Czarnecki, en même temps que par les centristes libéraux de la Plateforme civique (PO), principal parti d'opposition. Le rejet en commission mercredi soir a donc été presque unanime. Dans la foulée, l'éventuel abandon définitif de la proposition de loi d'initiative citoyenne doit faire l'objet jeudi d'un vote de l'ensemble des députés.
Malgré un quasi-consensus sur le vote, en commission le débat a néanmoins été houleux. Un député PiS, Tomasz Latos, a assuré que son parti "n'a jamais été favorable à la punition des femmes", reprenant la position de l'épiscopat. L'opposition n'a pas ménagé le parti de Jaroslaw Kaczynski. "Votre position en commission résulte de la panique qui vous a saisis après les protestations de lundi", a asséné une députée de PO, Joanna Mucha. "Les Polonaises ne permettront pas que vous les conduisiez à l'abattoir comme des moutons. Le troupeau va vous piétiner", a-t-elle lancé. Une parlementaire du parti d'opposition libéral Nowoczesna, Joanna Scheuring-Wielgus, a accusé le PiS d'avoir envoyé en commission "un projet barbare, vil, qui aurait dû aller à la poubelle il y a deux semaines".
Cinq ans de prison pour le médecin
Quant au promoteur de la proposition de loi, animateur d'une fondation pro-vie, Mariusz Dzierzawski, reprenant l'argument selon lequel "toute personne humaine a le droit à la vie", il a accusé les parlementaires du PiS de "se moquer de leurs électeurs (...) des 500.000 personnes qui avaient signé le projet" par pétition. Le projet a également suscité l'émotion en Europe, et notamment en France. Le Parlement européen s'est saisi de ce dossier mercredi et de nombreux députés y ont vivement critiqué le texte lors d'un débat.
Alors que la loi actuellement en vigueur autorise l'avortement dans trois cas : risque pour la vie ou la santé de la mère, examen prénatal indiquant une grave pathologie irréversible chez l'embryon et grossesse résultant d'un viol ou d'un inceste, la réforme envisagée ne laisserait impunie qu'une intervention pour sauver la vie de la femme. Elle fixe la peine de prison maximale à cinq ans de prison pour le médecin, comme pour la femme qui avorte, tout en permettant au juge de renoncer punir cette dernière.
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