À quelques jours de l'annonce du Plan de transformation du système de santé, le Syndicat des médecins libéraux (SML) tient à rappeler son attachement à la généralisation du 116 117, un numéro d'appel pour joindre un médecin de garde. Celui-ci est actuellement testé dans quelques départements pour décharger le 15. À l’instar du SML, les syndicats de médecins libéraux, craignent que ce numéro ne finisse aux oubliettes en faveur d'un numéro unique urgences et soins non programmés, comme le réclament les médecins urgentistes.
Le syndicat SAMU-Urgences de France (SUdF) avait déjà fait savoir lors du congrès annuel de la médecine d'urgence en juin dernier que les urgentistes défendraient « une plateforme moderne de régulation "15 + " disposant des outils de technologie les plus récents et regroupant toutes les composantes de la régulation médicale ». En bref un numéro unique dédié aux soins urgents ou non programmés pour remplacer ceux existant, probablement sous le numéro 112.
Dans un communiqué adressé ce mardi, SUdF rappelle son opposition à un numéro unique pour tous les secours (santé, sauvetage, sécurité) comme cela avait été un temps évoqué par le gouvernement. Une revendication soutenue par la FNSPF (sapeurs-pompiers) et l'Association des médecins urgentistes AMUF. Un numéro équivalent au 911 américain ne peut se concevoir, selon SAMU-Urgences de France, « que dans un rôle d’aiguillage (au mieux automatisé) pour orienter sans délai l’appel vers la plateforme spécialisée chargée de traiter la demande selon sa nature ».
Éviter les pertes de chances
Une solution impensable pour le Dr Philippe Vermesch, président du SML : « Il faut que la personne qui fait un AVC ou un infarctus soit prise en charge dans les meilleurs délais sans passer par différentes plateformes », affirme-t-il. Le stomatologue dénonce « une OPA hostile des SAMU » et affirme que dans les régions où le 116 117 est opérationnel depuis avril 2017 (en Corse, Normandie et Pays-de-Loire), « la permanence des soins est plus efficace et la baisse sensible des passages aux urgences est avérée. »
Le SML soutient que « 60 à 70 % des appels arrivant dans les centres 15 sont pris en charge par la médecine libérale », et demande donc que l'organisation de la régulation médicale soit réformée et cogérée par l'hôpital et les médecins libéraux. « La généralisation d'un numéro distinct du 15, le 116 117, est vitale pour éviter les pertes de chances lorsque les centres d'appel du 15 sont saturés », conclut le SML.
Le syndicat MG France a également réagi à la feuille de route de SAMU-Urgences de France, soulignant l'importance des libéraux dans la régulation et l'importance du 116 117 : « La médecine générale doit piloter, organiser et réguler la réponse aux demandes de soins non programmés. Le 116 117 contribue à la définition d’un mode d’emploi de notre système de santé pour la population », estime son président, le Dr Jacques Battistoni.
Cette polémique intervient alors qu'un récent classement des SAMU a établi que 4,6 millions d'appels au SAMU (sur un total de 16 %) n'avaient pas été décrochés. Un résultat contesté par le ministère de la Santé
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