Comme chaque année, l'hebdomadaire Le Point a dévoilé ce jeudi son classement annuel des hôpitaux et cliniques de France. Avec toutefois une nouveauté : un classement des 81 centres d'appels du Samu en France. Cette hiérarchisation des centres 15 a provoqué de vives réactions de la part de la profession, dans un contexte marqué par le dramatique décès de Naomi Musenga.
L'hebdomadaire a réalisé son classement à partir des statistiques annuelles des établissements de santé (SAE), dont les chiffres sont collectés chaque année par le ministère de la Santé. Le tableau prend en compte le taux brut d'appels décrochés, le taux d'appels décrochés en moins d'une minute et le nombre moyen d'appels par assistant de régulation médicale (ARM) et par heure.
Loin des 100 % d'appels décrochés
Le document dévoile un taux inquiétant d'appels non décrochés. Seuls deux centres, ceux d'Orléans et de Verdun, sont à 100 % de taux de réponse dans la minute. Ainsi, Le Point indique que 4,6 millions d'appels téléphoniques passent entre les mailles du filet et ne sont pas pris en charge par les plateformes du Samu. Le taux de décrochés moyen s'élève à 84 % en France. Parmi les plus mauvais élèves, on retrouve le Samu 75 en avant-dernière position devant le Samu de Pointe-à-Pitre (Guadeloupe) avec seulement un appel sur deux décrochés. Par ailleurs, sept centres (Bourges, Dijon, Blois, Agen, Laval, Bayonne et Mamoudzou), n'ont pas communiqué leurs chiffres au SAE l'an dernier.
Dès leur publication, ces résultats ont provoqué un tollé chez les professionnels de santé.
Le Dr François Braun, président du syndicat Samu-Urgences de France, s'est insurgé du nombre d'appels présentés comme sans réponse. « Il n'y a pas 4,6 millions de nos concitoyens qui essaient d'appeler le Samu et qui n'arrivent pas à le joindre. (...) Dans ces appels, un certain nombre sont raccrochés immédiatement, un certain nombre sont des +pocket+ appels, un certain nombre sont des gens qui se sont trompés », a-t-il expliqué ce jeudi sur France Info.
Mauvais coupables
Le Dr Patrick Goldstein, chef du pôle Samu 59 et président honoraire de la société française de médecine d'urgence, a déploré sur France Info que l'on « cherche les mauvais coupables » : « C'est insupportable. Ces gens qui sont permanenciers, auxiliaires de régulation ou médecins régulateurs, des gens qui sont là nuit et jour pour répondre à ces appels qui sont des situations d'urgence, là, on est en train de les ostraciser et de les culpabiliser », a-t-il déclaré.
C'est ballot le classement des #SAMU du #LePoint On se rend compte que @arsbfc va fermer la meilleure régulation de France celle d'#Auxerre dans l'#Yonne car elle est première au classement pour la mettre à #Dijon #ARS pic.twitter.com/wFTKrlhLUB
— Altra (@AltraMale) 23 août 2018
Sur Twitter, la méthodologie utilisée par Le Point était aussi pointée du doigt. « Nan parce que c’est tellement logique de comparer des carottes et des navets , les « petits » samus mieux classés parce que moins d’appels perdus… Et si c’était juste parce qu’ils avaient beaucoup moins d’appels », s'interroge une infirmière. « C'est reparti avec le SAMU bashing », ajoute un urgentiste.
Seulement 2 centres arrivent à faire des réponses dans la minute, ok. Seulement ont-ils inclu dans leur classement le facteur de tous les appels inutiles que reçoivent le SAMU en permanence ? Je n’ai pas lu plus long tellement je trouve l’article inutile ...
— Mathilde (@MatouFoucher) 23 août 2018
Les médecins libéraux de la CSMF ont eux profité de la publication de ce classement des SAMU pour rappeler leur attachement à la mise en place du numéro 116 117 pour joindre le médecin de garde, ceci « afin d’éviter de noyer tous les appels et de retarder la prise en charge des urgences vitales ».
Hôpitaux : Toulouse et Bordeaux toujours en tête
Du côté du classement des hôpitaux, comme en 2017, les CHU de Toulouse (1er) et Bordeaux (2e) arrivent en tête. Ils sont suivis du CHU de Lille (3e), des hôpitaux universitaires de Strasbourg (4e), de l'hôpital de la Pitié-Salpêtrière à Paris (5e, en hausse), du CHU de Nantes (6e, en hausse), du CHU de Montpellier (7e, en hausse),du CHU de Grenoble (8e, en baisse), du CHU de Rennes (9e, en hausse) et enfin celui de Nancy (10e, passé derrière Rennes).
Pour la 9e année consécutive, le centre hospitalier privé Saint-Grégoire (agglomération rennaise) est en tête des 50 meilleures cliniques de France.
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