À en juger par la foule qui se presse dans la grande salle Maillot du Palais des Congrès parisien ce vendredi 28 mars, la présentation du tout nouveau référentiel professionnel de la médecine générale était attendue avec impatience par la profession. Les quelque 300 sièges sont tous occupés. Il faut dire qu’un tel document n’avait pas été produit depuis 2009, cinq ans après que la médecine générale a été reconnue comme spécialité à part entière. Quant au précédent, il faut remonter au siècle dernier, en… 1999.
Fait notable pour le nouveau référentiel, il a été réalisé avec le concours de syndicats de médecins libéraux et salariés, de généralistes enseignants, de jeunes médecins, de l’Ordre et du Conseil national professionnel infirmier. « Ce référentiel, c’est de l’or en barre ! », s’est enthousiasmé le Pr Paul Frappé, président du Collège de la médecine générale.
« À travers cette enquête qui a demandé plus d’une année de travaux, nous voulions préciser ce que faisaient réellement aujourd’hui les médecins généralistes dans le système de santé français », explique en préambule le Dr Jacques Battistoni, pilote de l’étude et ancien président du syndicat MG France. Une façon aussi de repositionner le métier de médecin généraliste dans le paysage sanitaire, tant au sein des soins primaires que par rapport aux autres professions de santé et aux pouvoirs publics. « Il y a une notion d’affirmation de la médecine générale, de ses valeurs et de son accessibilité dans votre référentiel, et notre système de santé a plus que jamais besoin de cadre », a apprécié Nicolas Revel, patron de l’AP-HP.
Socle de valeurs communes
Premier rappel, si « la médecine générale est au cœur de notre système de santé », le rôle du généraliste ne se limite pas à diagnostiquer et traiter les maladies. Dans le détail, celui-ci assure le premier recours. Il reçoit en consultation les patients de tout âge et pour tout type de motif. Il apporte le bon soin, au bon moment et au bon endroit. Enfin, il assure collectivement de manière coordonnée le suivi au long cours, la continuité des soins et adapte son exercice aux besoins de la population du territoire où il exerce.
En ceci, « la façon d’exercer le métier a beaucoup changé », poursuit le Dr Battistoni. Le modèle classique de la médecine générale traitante en cabinet libéral n’est plus l’unique forme d’exercice. Généraliste en PMI, en Ehpad, en centres de santé, exerçant en soins non programmés, remplaçant, auprès d’une population précaire… « L’exercice de la médecine générale est défini par sa fonction et non par le lieu de son exercice ». Il repose sur un socle de valeurs communes, dont « la relation de confiance et l’empathie avec le patient » et « l’appui sur les savoirs scientifiques validés ».
Nouvelles pratiques interprofessionnelles
Chaque année, 80 % de la population française consulte au moins une fois un médecin généraliste. Ces derniers consacrent en moyenne 17 minutes à chaque patient par consultation. Un atout formidable pour assurer la continuité des soins et prévenir l’arrivée ou l’aggravation de maladies tout en limitant les examens complémentaires, souligne le référentiel.
Pour préserver cette force, le document suggère d’adapter ce modèle français aux nouvelles pratiques interprofessionnelles et participatives (collaboration pluripro, CPTS, IPA, assistants médicaux…). Seule manière pour les généralistes de pouvoir conserver leur capacité « à adapter leurs temps de consultation aux besoins des patients », notamment face aux situations complexes.
Le généraliste encore et toujours chef d’orchestre
Étape numéro un : consolider le premier échelon de soins en permettant aux médecins d’exercer dans un même lieu avec les infirmiers et les assistants médicaux. Ensuite, confier à ces équipes la « responsabilité collective » de la prévention, de la coordination des soins et du suivi des patients « dont ils sont médecins traitants ». À charge également pour le généraliste d’organiser « avec l’appui des CPTS, le parcours de soins du patient dans son territoire d’exercice ». Comment ? « En réunissant autour de lui les professionnels de premier recours avec des outils de partage d’information adaptés à leurs besoins ». La coopération avec le secteur social et médico-social et la prise en compte des enjeux environnementaux sont aussi citées comme leviers d’actions pertinents.
« Nos gouvernements successifs ont voulu imposer aux médecins une responsabilité territoriale à laquelle ils ne peuvent pas souscrire individuellement », lit-on encore dans le référentiel. En conclusion, la réponse ne peut être que collective. À la double condition pour les pouvoirs publics « de placer les soins de premiers recours au cœur du système de soins, via une meilleure reconnaissance tant symbolique que réglementaire et financière de leur fonction ». Et de traduire cette priorité donnée aux soins primaires « dans une programmation à long terme, au niveau national comme dans nos territoires ».
« Ce que fait le député Garot, c’est du sabotage ! » : la nouvelle présidente de Médecins pour demain à l’offensive
Jusqu’à quatre fois plus d’antibiotiques prescrits quand le patient est demandeur
Face au casse-tête des déplacements, les médecins franciliens s’adaptent
« Des endroits où on n’intervient plus » : l’alerte de SOS Médecins à la veille de la mobilisation contre les violences