Les médecins ont toujours la cote auprès des Français, ce qui ne les protège pas pour autant des critiques, parfois acerbes, de leurs patients. Tel est le principal enseignement de l'enquête* présentée ce mardi 4 février par l’Académie nationale de médecine.
Les Français ont majoritairement (92 %) une très bonne image des médecins généralistes (92 %), appréciés pour « compétence » et leur « sérieux ». Ils sont aussi perçus comme des professionnels « passionnés par leur métier » (90 %), « humains » (82 %) et « dévoués » (78 %).
Cette satisfaction est encore plus marquée quand les Français évoquent leur propre médecin de famille, estimé pour son langage clair, son contact humain, son attention portée à leur demande, l'efficacité des soins prescrits, la pertinence des diagnostics, la facilité de prise de rendez-vous ou encore du temps d'attente dans la salle d'attente. Un véritable plébiscite !
Mais les médecins généralistes n'échappent pas à la critique. Plus de sept Français sur dix (74 %) les jugent « pressés » mais aussi « intéressés par l'argent » (58 %) et « stressés » (57 %). « Même si le médecin reste sur son piédestal, il y a néanmoins des évolutions marquantes. Les Français ont le sentiment qu'ils leur accordent moins de temps et sont plus stressés », commente Bruno Cautrès, chargé de recherche au CNRS et au Centre de recherches politiques de Sciences Po (CEVIPOF).
Appréciés par 91 % des sondés, les médecins spécialistes ne sont pas en reste, de même que les pharmaciens (89 %). Les laboratoires pharmaceutiques sont en revanche bons derniers du classement (47 % des Français seulement en ont une bonne image).
Un système de santé dégradé
Si 80 % des Français considèrent que leur système de santé reste l'un des meilleurs du monde, 61 % d'entre eux reconnaissent néanmoins qu'il est moins performant que par le passé et 73 % sont d'accord avec l'idée que la médecine d'aujourd'hui est « moins humaine ». Les dégradations ressenties au cours des dernières années concernent l'égalité d'accès aux soins (42 %), le remboursement des soins et des médicaments (59 %) et les délais pour obtenir des rendez-vous (70 %).
Concernant l'accès aux soins, le sondage confirme que cet accès est jugé difficile pour des spécialités (pédiatrie, psychiatrie, gynécologie, dentiste) ou structures (les urgences). En revanche, 67 % des Français estiment que l'accès aux médecins généralistes reste encore facile. Ce taux baisse à 59 % pour l'accès à une maternité et à 55 % pour un hôpital.
Face à ces difficultés, de nombreux Français déclarent se tourner vers d'autres moyens pour se soigner comme l'autodiagnostic (25 % déclarent pratiquer souvent ou systématiquement l'autodiagnostic) ou les pratiques médicales alternatives (hypnose ou ostéopathie). « Les Français reconnaissent une complémentarité entre les médecines alternatives et la médecine conventionnelle. Mais 85 % des sondés reconnaissent néanmoins que les pratiques médicales alternatives devraient être mieux réglementées et encadrées », note Frédéric Micheau, directeur des études d'opinion OpinionWay.
Une médecine moins humaine et plus chère
Face aux difficultés du système de santé, les Français ont été interrogés sur les défis pour la médecine de demain. Ces défis sont de plusieurs natures. Pour 70 % des sondés, les déserts médicaux doivent être l'une des priorités. Viennent ensuite l'augmentation du nombre de personnes dépendantes (56 %) et le développement des agents infectieux résistants (44 %). Seuls 29 % des Français citent les grands enjeux éthiques (fin de vie, génétique). Enfin, si aucune innovation technologique (téléconsultation, thérapies géniques, nanotechnologique, objets connectés) ne représente pour les Français une menace, 90 % sont convaincus que la médecine de demain sera plus chère et 73 % « moins humaine ».
* Sondage réalisé par OpinionWay entre le 15 et 22 octobre auprès de 1 530 personnes représentatives de la population française
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