Après la commission d'enquête de l'Assemblée nationale, Xavier Bertrand, ancien ministre de la Santé (entre 2005 et 2007 et entre 2010 et 2012) a été auditionné ce mardi 22 septembre au Sénat par la commission d'évaluation des politiques publiques face aux pandémies. Pendant une heure et demie, le président de la région des Hauts-de-France a livré sa vision sur la gestion de l'État face au Covid et appelé à en tirer des leçons.
Devant les sénateurs, il a reconnu qu'au cours des huit dernières années, l'État s’était lentement « désarmé », notamment dans le pilotage de la politique sanitaire dans les régions. Avec la création des agences régionales de santé (ARS), portées par Roselyne Bachelot en 2009 (loi HPST), le préfet de région s'était vu « déposséder » de ses prérogatives sanitaires. « L'articulation entre ARS et préfecture n'a pas marché comme cela aurait dû marcher. Il y avait une double commande », a-t-il regretté. Pour l'avenir, l'ancien ministre souhaite que la sécurité sanitaire soit placée sous l'autorité du préfet de région et une meilleure implication des collectivités territoriales dans les plans de lutte face à une épidémie.
Dans son intervention, le politique a aussi fustigé les contraintes budgétaires particulièrement « douloureuses » qui ont pesé au fil des années. « Moi-même en 2004, quand je rentre au gouvernement, c'était pour faire la réforme de l'assurance-maladie », a-t-il rappelé. Mais l'ancien ministre a surtout insisté sur « la toute-puissance de Bercy » qui impose « une vision court-termiste ». « Il y a eu des passes d'armes avec Bercy mais j'ai toujours gagné », a-t-il souligné, grâce aux soutiens des anciens présidents Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy. « Si on n'a pas tout le monde [tout le gouvernement à ses côtés, NDLR], qui l'emporte ? Bercy. Par rapport à Bercy, Ségur n'a pas le même poids politique », a-t-il ajouté.
Pour sortir de cette logique comptable, Xavier Bertrand plaide en faveur d'« une loi pluriannuelle » afin de sanctuariser « tout ce qui concerne la sécurité sanitaire ». Pour l'homme, l'importance est de réussir la sortie de la crise sanitaire. « La fin de l'épidémie, c'est le vaccin », a-t-il affirmé. Pour autant, l'ancien ministre se dit opposé à rendre la vaccination obligatoire. « Je continue à croire à l’incitation, à la pédagogie non infantilisante. Il faut inciter, donner envie », a-t-il plaidé.
Porter le chapeau
Comme devant les députés, l'ancien ministre a refusé une nouvelle fois d'endosser la responsabilité du « changement de doctrine » ayant contribué à ce que les stocks de masques entreposés par l’État se soient volatilisés en huit ans. « On a essayé de me faire porter le chapeau. », dit-il. Selon l'élu régional, le vrai changement est intervenu en 2013, avec la nouvelle « doctrine de protection des travailleurs face aux maladies hautement pathogènes à transmission respiratoire », établie par le secrétariat général de la défense et de la sécurité nationale (SGDSN).
Le texte indique qu’« il revient à chaque employeur de déterminer l’opportunité de constituer des stocks de masques pour protéger son personnel » et donne des indications sur le dimensionnement du stock. Mais qui est l’employeur des médecins libéraux ? « Qui a effectué les contrôles ? Prendre des décisions c'est bien, mais s'assurer qu'elles sont exécutées, c'est bien aussi », a-t-il conclu.
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