« Neuf millions de Français n'avaient pas de médecin traitant en janvier 2020 et ils seront beaucoup plus nombreux l'année prochaine », met en garde le Dr Laure Artru, rhumatologue à la clinique du Pré au Mans, membre de l'Association des citoyens contre les déserts médicaux (ACCDM) qui alerte aujourd'hui sur la perte de chance des patients privés de médecins traitants.
Créée en 2016 en Mayenne, cette association entend créer « un électrochoc », sous la forme d'une très prochaine action judiciaire contre l'État avec l'aide juridique de Corinne Lepage, avocate et ex-ministre de l'environnement. « On va attaquer l'État et le ministre de la Santé devant le tribunal administratif pour non-respect de la Constitution en raison d'une inégalité d'accès aux soins. Tous les Français paient les impôts. Or certains sont soignés d'autres pas. Des gens meurent », avance la rhumatologue.
L'association compte rencontrer les présidents des associations des maires ruraux, des maires de petites villes et des maires de France pour les associer dans son combat. « La décision est politique pour faire bouger les lignes », martèle le Dr Artru.
Mesures coercitives
En mars, cette spécialiste avait créé un collectif de patients sans médecins (59 000 sont concernés dans la Sarthe) et lancé une pétition qui a récolté plus de 1 300 signatures. La rhumatologue estime que « des solutions par région » doivent être prises très rapidement, y compris des mesures coercitives pour mettre fin aux déserts médicaux.
De fait, ses propositions n'hésitent pas à emprunter la manière forte. Outre la mise en place de stages d'internat obligatoires en zones sous dotées, le gouvernement pourrait aussi limiter la durée « et encadrer les honoraires des remplacements des jeunes médecins » ou limiter voire supprimer « le remboursement des honoraires lors d’une installation en zone sur dotée ». « C'est sûr, ce que nous proposons n'est pas politiquement correct. Cela ne va pas plaire », confie-t-elle au « Quotidien ».
La spécialiste dénonce l'attitude peu « empathique » de certains de ses confrères qui laissent la situation se dégrader. « Par peur de déplaire, ils ne se révoltent pas et ils ont tort. Aujourd'hui, je veux défendre mes citoyens au-delà des considérations syndicales ».
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