Alors que les négociations de la prochaine convention médicale doivent s'ouvrir en octobre, le directeur général de l'Assurance-maladie, Thomas Fatôme, en esquisse à nouveau quelques pistes dans un entretien publié ce lundi dans « Le Figaro ».
Selon le patron de la Cnam, la priorité de cette convention sera de « redonner du temps médical aux médecins », afin qu'ils puissent travailler « dans de meilleures conditions en s’entourant d’une équipe » et suivre davantage de patients. « En France, un médecin traitant suit en moyenne 1 000 patients, contre 1 500 à 2 000 dans les pays voisins où il est entouré de deux ou trois personnes pour l’aider », souligne le DG de la Cnam qui veut aller plus loin dans le dispositif des assistants médicaux, lancé en 2018. Il se dit prêt à modifier « le niveau de l’aide, la durée et les curseurs du dispositif ».
La régulation des téléconsultations devrait également être au menu des discussions. « C’est devenu le Far West, résume le directeur général, et il nous faut mieux réguler les pratiques. » La Cnam souhaite que les arrêts de travail indemnisés ne puissent être délivrés en téléconsultation que par le médecin traitant, et elle veut définir « un cahier des charges » pour inscrire la téléconsultation dans un parcours de qualité.
Hausse du C incertaine
Autre priorité affichée, « le travail en équipe et l’exercice coordonné ». « Si les généralistes passaient de 1 000 à 1 200 patients suivis en moyenne, cela réglerait le problème des assurés qui ne trouvent pas de médecin traitant », résume le DG de l'Assurance-maladie, qui veut donc « sortir les médecins de leur isolement » et « inciter les acteurs de santé à se regrouper et se répartir certaines tâches ».
Interrogé par nos confrères sur la hausse du tarif de la consultation, Thomas Fatôme a en revanche botté en touche. Le dernier avenant conventionnel prévoyait « 780 millions d’euros de revalorisation », rappelle-t-il, avant de renvoyer au cadre financier du prochain projet de loi de finances de la Sécu (PLFSS 2023), en discussion à l'automne. « Le revenu moyen des médecins généralistes libéraux en France est dans la moyenne européenne », plaide-t-il. Il souhaite en revanche « simplifier la nomenclature ».
Même réponse un brin évasive sur le retour éventuel des gardes obligatoires pour les médecins de ville. « Il faut approfondir le diagnostic et trouver une réponse collective territoire par territoire », explique le DG, qui rappelle que « 25 000 » médecins font des gardes mais qu'il y a des « zones blanches ».
La fraude et les chiffres fantaisistes
Questionné enfin sur la fraude, Thomas Fatôme – qui a aussi évoqué ce sujet dans l'émission « Zone Interdite » ce dimanche sur M6 – assure « prendre le taureau par les cornes », mais « sans céder à la facilité de lancer des chiffres fantaisistes » sur « de fausses cartes Vitale qui se baladeraient dans la nature ». L'Assurance-maladie devrait bientôt rendre publics les résultats de ses enquêtes sur ce sujet sensible concernant les médecins, les transports sanitaires et les arrêts maladie. Elle continuera le déploiement de la carte Vitale dématérialisée en 2023 et de la e-prescription (avec un QR Code) en 2024.
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