À ce jour, la présence d'Emmanuel Macron au 43e congrès de la Mutualité française, la semaine prochaine à Marseille, n'est pas confirmée, alors qu'aucun président de la République n'a manqué le rendez-vous depuis 1982. Dans l'attente de la réponse de l'Élysée, le président de la FNMF, Éric Chenut, a réclamé ce vendredi des moyens supplémentaires pour le système de santé, devant l'Association des journalistes de l'information sociale (Ajis).
« Nous sommes convaincus de la nécessité d'une refondation du système, a cadré le président de la Mutualité, à cinq jours de l'ouverture de son congrès durant lequel l'accès aux soins sera un des thèmes dominant. Mais si on veut le développement d'équipes de soins traitants, l'instauration de compétences partagées, le développement de la télémédecine ou encore l'extension d'une obligation collective de permanence de soins à l'échelle territoriale, il faut des moyens supplémentaires ». Faute de quoi, ces évolutions souhaitables pour la Mutualité risquent d'apparaître comme « un renoncement ou une gestion de la pénurie », analyse son président.
+15€ sur les consultations non programmées, une bonne idée
Globalement, il faut réfléchir à « comment sortir de la régulation comptable qui a été particulièrement mortifère pour le système de santé et qui n'a pas permis d'engager les réformes dont on avait besoin pour coller à la réalité des besoins », ajoute-t-il. Après les revalorisations et réinvestissements hospitaliers du Ségur, le leader mutualiste estime aujourd'hui qu'un « rééquilibrage » vers la ville est nécessaire.
« Si on veut que cela fonctionne, il ne faut pas transférer à l'hôpital des choses qui peuvent être faites en ville, souligne Éric Chenut. Mais cela suppose de bien rémunérer et réinvestir dans les soins de ville ». À cet égard, par exemple, une des mesures d'urgence issues de la mission Braun, à savoir la majoration de 15 euros des consultations des généralistes pour des soins non programmés adressés par le 15, lui paraît une bonne idée.
Inquiétude sur les dépassements
Ce sujet, parmi d'autres, pourra être discuté lors des négociations en vue de la prochaine convention médicale qui devraient s'ouvrir en octobre, et où les mutuelles seront représentées au travers de l'Unocam qui fédère les trois familles de complémentaires (mutuelles, assurances, institutions de prévoyance).
À ce stade, le président de la Mutualité ne se prononce pas en faveur de la revalorisation de la consultation de base. Il « constate depuis peu une nouvelle augmentation des dépassements d'honoraires qui montre les limites de l'Optam », ces contrats de modération tarifaire entre les praticiens libéraux et les Cpam. « Quand on regarde la réalité des tarifs, ils n'ont plus grand-chose à voir avec la base de remboursement, a glissé Éric Chenut. Nous pensons qu'il va falloir rebaser tout cela. »
La « sophistication » excessive de la nomenclature des actes doit, à cet égard, être remise à plat, dit-il, tout en plaidant, en même temps, pour une réflexion sur le développement des forfaits. « Dans tous les cas, en considérant ensemble actes et forfaits, il va falloir allouer plus de ressources à la médecine de ville », a-t-il insisté.
Pour des équipes de soins traitantes
Ensuite, alors que le second gros morceau des négos portera sur la démographie médicale, la Mutualité – comme le ministre de la Santé – avance prudemment. « Le droit à l'accès à la santé est un droit constitutionnel mais nous ne sommes plus au rendez-vous de cette promesse républicaine quand cinq millions de Français n'ont pas de médecin traitant », a rappelé Éric Chenut.
Faut-il pour autant en passer la coercition pour lutter contre les déserts médicaux ? « Cela ne me semble pas à la hauteur des enjeux », a-t-il répondu après avoir montré son intérêt pour le développement des communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS), des partages de compétences ou des « équipes de soins traitantes ».
Si Emmanuel Macron n'a pas encore dit s'il viendrait à Marseille la semaine prochaine – il avait été présent à Montpellier au précédent congrès en 2018 –, la Mutualité a, de son côté, confirmé sa présence pour le lancement du conseil national de la refondation, jeudi prochain. Plus de 30 ans après l'instauration de la CSG, elle y portera son plaidoyer en faveur de recherche de nouveaux financements pour la Sécurité sociale.
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