Après une première étude réalisée sur la première quinzaine de confinement (du 16 au 29 mars), le groupement d’intérêt scientifique (GIS) EPI-PHARE, constitué par l'ANSM et la CNAM, dévoile les résultats enregistrés après cinq semaines de confinement (du 16 mars au 19 avril). Plusieurs phénomènes majeurs sont à noter.
Après un « phénomène de stockage » initial au début du confinement avec « une consommation supérieure de 15 % à 30 % » pour les antihypertenseurs, les antidiabétiques, les antidépresseurs ou encore les antiépileptiques, suivis par une « sous-consommation » au cours de la semaine du 6 au 12 avril, les Français sont revenus à une « consommation normalisée » des traitements de pathologies chroniques depuis la mi-avril.
En revanche, l’effondrement des ventes des traitements qui nécessitent une administration par un professionnel de santé déjà observé pendant les deux premières semaines de confinement se poursuit. C’est le cas pour les injections contre la dégénérescence de la rétine (-40 %), les stérilets hormonaux (-68 %), les produits destinés aux IRM et scanners (-67 % et -66 %) ou aux coloscopies (- 82 %). « Les examens non pratiqués, indispensables pour diagnostiquer certains cancers ou maladies graves, pourraient entraîner des retards de prise en charge », avertissent les auteurs de l'étude.
77 000 nourrissons non vaccinés
Autre signe d’inquiétude : la baisse de vente des vaccins, déjà observée après deux semaines de confinement. Par rapport à la même période en 2018 et 2019, le nombre de vaccins délivrés en pharmacie a reculé entre 15 % et 78 %. Cela équivaut par exemple pour le seul vaccin hexavalent (diphtérie, tétanos, poliomyélite, coqueluche, méningite à Haemophilus influenzae de type B, hépatite B) à 77 000 nourrissons de 3 à 18 mois non vaccinés, à 59 000 vaccins non réalisés pour les vaccins anti-HPV, 93 000 pour le ROR et 285 000 pour les vaccins antitétaniques destinés aux rappels des enfants, adolescents et adultes. « Une prise de retard dans le calendrier vaccinal est possible », souligne l'étude.
Concernant d’autres traitements médicamenteux pouvant être prescrits en aigu ou en chronique, l’étude note aussi une poursuite de la baisse de la consommation : corticothérapie orale (- 64 %), anti-inflammatoires non stéroïdiens ou AINS (-70 %), antibiothérapie systémique (-37 %), antiulcéreux de type inhibiteurs de la pompe à proton ou IPP (-13 %).
Comportement sociétal
Pour les médicaments « en lien avec le Covid-19 », le paracétamol a toujours la faveur des Français : la délivrance sur ordonnance de ce médicament a atteint jusqu’à 1 million de patients par jour le 16 mars. En revanche, le recours à l’ibuprofène s’est quasiment arrêté suite aux messages des autorités sanitaires.
L’étude confirme que la forte croissance de délivrance des traitements chloroquine et hydroxychloroquine a été limitée dans le temps, en lien avec la médiatisation de ce traitement potentiel (pics respectivement le 27 février et le 8 mars) et avant que l'ANSM n'en restreigne la prescription fin mars. Par ailleurs, l'association hydroxychloroquine et azithromycine, qui n'était qu'exceptionnellement utilisée avant l'épidémie de Covid-19, a bondi de 7 000 % en semaine du 23 au 29 mars pour atteindre environ 10 000 patients. Au total, environ 41 000 personnes supplémentaires ont pu acheter sur ordonnance ces traitements au cours des cinq premières semaines du confinement.
Selon l’étude, les personnes résidant dans les zones favorisées socialement ont tendance à avoir davantage recours à l’hydroxychloroquine (seule ou associée à l’azithromycine) pour le Covid-19 et au stockage des médicaments de pathologies chroniques.
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