Alors que l'Assurance maladie a mis sur la table plus d'un demi-milliard d'euros sur 2021/2022 pour les médecins libéraux, dans le cadre de l'avenant 9 à la convention, leurs syndicats contactés ce jeudi par « Le Quotidien » font grise mine.
Tous jugent que ces 549 millions d'euros – dont 100 millions pour les visites gériatriques, 150 millions pour la prise en charge des soins non programmés et 78 millions pour quelques spécialités cliniques – restent « très insuffisants » au regard des enjeux de structuration et d'attractivité de la médecine libérale.
Ridicule
« C'est encore du saupoudrage entre les diverses mesures. On ne va pas vendre la profession pour des cacahuètes », assène, sévère, le Dr Philippe Vermesch, président du SML. Sur les soins non programmés, il refuse les forfaits trimestriels à l'activité pour rémunérer les médecins effecteurs, jugés illisibles. « Nous avons demandé que tous les généralistes et spécialistes qui organisent leur planning pour prendre des consultations non programmées puissent coter systématiquement une majoration de régulation médecin traitant de 15 euros en plus de leurs actes », rappelle le stomatologue. « Dans le schéma de la CNAM, le médecin qui fait 10 actes par trimestre reçoit 7,50 euros (par acte). C'est ridicule alors qu'il s'est organisé pour cela », ajoute-t-il.
Le BLOC (qui réunit les chirurgiens de l'UCDF, les anesthésistes de l'AAL et les obstétriciens du SYNGOF) ne mâche pas ses mots sur l'évolution des contrats OPTAM et OPTAM-CO de maîtrise tarifaire. « Si les propositions de la CNAM ne changent pas, des médecins vont quitter ces contrats, explique le Dr Philippe Cuq, vice-président du BLOC. Nous ne pouvons pas rester bloqués sur les tarifs calculés sur une moyenne des honoraires de 2013 alors que le coût de la pratique a fortement augmenté. »
Vers un report de l'avenant ?
Au sujet de la valorisation des visites gériatriques, MG France estime que « ce qui est proposé crée des niveaux de tarifs hétérogènes dans lesquels les généralistes ne vont pas s'y retrouver ». Pour le Dr Jacques Battistoni, président du syndicat de généralistes, ces « propositions sont dénuées de sens et de direction ». Il demande clairement à la CNAM de reporter les négociations après les élections professionnelles aux URPS d'avril 2021. « Ce serait démocratique car cela permettrait aux électeurs d’indiquer ce qu’ils souhaitent pour les accords à venir », ajoute le généraliste normand.
Pas moins critique sur le fond, la FMF attend toutefois sa réunion bilatérale avec la CNAM, la semaine prochaine, pour se positionner sur un éventuel report de signature. « Cela permettrait à tout le monde de sortir la tête haute », suggère sa présidente, le Dr Corinne Le Sauder.
Ayant quitté la table des négociations depuis mi-octobre, la CSMF se sent confortée dans sa position. « Les revalorisations proposées sont insuffisantes pour toutes les spécialités. On voit que le gouvernement n'a pas pris la mesure de la crise de la médecine libérale », regrette le président Jean-Paul Ortiz qui se dit prêt, néanmoins, à discuter avec la CNAM en réunion bilatérale. La CSMF rappelle ses conditions : un investissement d'un milliard d'euros, la suppression des stabilisateurs économiques (qui gèlent les revalos pendant six mois) et la négociation d'une nouvelle convention dès la fin des élections professionnelles…
Estimant déjà avoir présenté un « paquet ambitieux » de mesures, le DG de la CNAM Thomas Fatome corrigera-t-il sa copie, la semaine prochaine, lors des ultimes rencontres bilatérales ? La signature d'un accord en 2020 semble clairement s'éloigner.
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