Empêchée par les contraintes du calendrier (examens de la loi bioéthique), la ministre de la Santé n’a pas pu faire son traditionnel déplacement à l’Université d'été de la CSMF. Mais peu importe ! C’est par visioconférence qu’Agnès Buzyn a pu échanger en direct avec la centaine de cadres confédérés réunis à Antibes depuis hier soir.
En préambule, le président du syndicat, le Dr Jean Paul Ortiz, s’est montré très offensif. Il a énuméré devant la ministre attentive les nombreux sujets d’inquiétude de la profession : la crainte d’une mise en place du service d’accès aux soins (SAS) centrée sur le centre 15, des délégations de tâches sans une réflexion préalable entre tous les professionnels de santé ou encore la réforme du système de retraite qui se traduira par une baisse des pensions de plus d’un tiers. « Nous n’accepterons pas que les réserves de la caisse qui s’élève à 7 milliards d’euros servent à d’autres régimes », dit-il. La veille, lors de son discours d’ouverture, le chef de file de la CSMF a clairement mis en garde le gouvernement sur « le risque d’une crise majeure avec les médecins s’ils ne sont pas entendus ».
Concertation
Face à ces craintes, Agnès Buzyn, très à l’aise dans cet exercice, a tenté de rassurer les libéraux. Sur la crise des urgences, elle indique que le plan nécessite l’implication des libéraux en matière de permanence des soins ou des soins non programmés. Une méthode de concertation sera présentée prochainement. « Ce service doit s’appuyer sur le SAMU, les médecins libéraux qui doivent assurer ensemble la gestion. Tout le monde doit se sentir concerné par les difficultés d’accès aux soins de la population », ajoute-elle.
Est-elle prête à modifier les horaires de la permanence de soins pour étendre la PDS à partir de 19 heures et aux samedi matin ? La ministre n’a pas fermé la porte à cette évolution, mais sa première urgence pour désengorger les urgences est d’abord le déploiement et la structuration des CPTS (communautés professionnelles territoriales de santé pour la prise en charge des soins non programmés. « Je souhaite avancer par étapes pour être efficient », dit-elle.
Sur la question de la retraite, sujet hautement sensible et à la veille d'une manifestation rejointe par trois syndicats de médecins libéraux (FMF,Le BLOC, UFML-Syndicat), elle s’est montrée affirmative. « Pour certaines professions, il faudra probablement 10 ou 15 ans pour lisser l’avancée vers le système cible universel avec le système de compensation. Aujourd’hui, on commence un travail de concertation avec les représentants des libéraux et la Carmf », annonce-t-elle. Mais dans sa réponse, aucune précision n'a été donnée sur les réserves de la Carmf. Interrogée par la salle sur la place des spécialistes dans le système de soins, elle rappelle que la loi santé a créé des équipes des soins spécialisés qui doivent avoir toute leur place dans les CPTS.
Les ARS en accompagnement
Sur la question de l’accès aux soins, les médecins ont-ils toute leur liberté pour s’organiser sur les territoires ou sont-ils sous la coupe des ARS ? Là aussi la ministre a tenté de rassurer. « Ce ne serait pas une solution venue du ministère mais un panel de solutions qui viendraient des territoires et que les libéraux ont trouvées eux-mêmes ». Pour aider les médecins, Agnès Buzyn rappelle que des outils ont été créés comme les CPTS ou les assistants médicaux dont le déploiement est une demande syndicale. « Je compte sur votre syndicat pour impulser ces changements dans les territoires ».
Mais pas question d’avoir un modèle unique, a-t-elle encore insisté. La locataire de l’avenue de Ségur se dit favorable aux projets différents d’un territoire à l’autre. Quant à une éventuelle revalorisation des actes des médecins libéraux, « cette question n’est pas taboue. Ce qui est fondamental est que cette revalorisation doit tenir compte de la qualité et de la pertinence des soins ». La ministre a aussi rappelé qu’elle sera toujours à l’écoute des libéraux. « J’ai besoin de l’engagement de tous », conclut-elle devant un parterre plutôt sage, ni enthousiaste, ni véhément.
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