À l’heure de la cinquième vague, voilà au moins un point sur lequel les Français n’ont pas à nourrir de complexes vis-à-vis de leurs voisins allemands, supposés tout mieux réussir. En termes de taux de couverture, l’Hexagone – dont les trois quarts de la population affiche un statut vaccinal complet — se place en effet dans le peloton de tête de l’UE. L’Allemagne et l’Autriche ramant assez loin derrière. On a beaucoup glosé sur les raisons de cette contre-performance, pointant du doigt la prégnance d’une extrême droite antivax ou d’une extrême gauche anti-autoritaire dans ces deux pays. D’aucuns font un lien avec l’inclination de nos cousins germains pour les médecines douces, si répandues outre-Rhin et sur les bords du Danube. Un phénomène à ce point commun dans ces deux pays qu’une partie du corps médical s’y est, sinon converti, du moins adapté.
En France, les médecines non conventionnelles font davantage débat. Ces dernières années, les tenants de la rigueur scientifique — incarnée par le mouvement #Fakemed — ont marqué des points, obtenant le déremboursement d’une homéopathie, qui faisait pourtant partie, depuis des décennies, du paysage médical national, avec quelques milliers de prescripteurs et la présence du principal producteur mondial sur notre sol. La décision a fait l’effet d’une déflagration, aucun politique n’ayant jamais osé jusque-là s'attaquer à ce bastion. Et si pour l'heure, l’Ordre, concernant cette activité, temporise, l’onde de choc a gagné les facs, plusieurs d’entre elles supprimant ces derniers mois les DU ou les cours qu’elles consacraient à l’homéopathie.
Ce débat n’est pas terminé. Ne serait-ce que du fait de l'appétence réelle de nos concitoyens pour les médecines complémentaires, attestée par les études d’opinion. Il s’est déporté ces derniers mois sur les autres médecines non conventionnelles. Il y a un an, une centaine de personnalités ont mis sur pied une « Agence des médecines complémentaires et alternatives ». Si l’initiative est loin de faire l’unanimité dans le corps médical, elle a trouvé de l’écho auprès de parlementaires qui poussent pour en faire une structure reconnue des pouvoirs publics. Pour l’heure, le ministère de la Santé semble juger qu’il est urgent d’attendre. Mais l’initiative montre que le débat est loin d’être clos entre partisans d’une médecine 100 % EBM et ceux qui prônent une reconnaissance encadrée des pratiques complémentaires. On touche du doigt ce que les gens reprochent à la médecine : débordée, qui n’écouterait pas assez, et ne prendrait pas le temps qu’il faut pour se mettre au diapason des patients… Comme si les médecines « douces » s’opposaient à une médecine « dure ». On peut comprendre ces critiques ou les accueillir d’un haussement d’épaules. Mais une chose est certaine : les médecins, de quelque bord qu’ils se situent, ne peuvent pas se désintéresser complètement de ces techniques, sinon pour les pratiquer, du moins pour mieux comprendre le parcours des malades qui empruntent des chemins de traverse.
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