Au cœur du bocage normand, le territoire du Mortainais est une zone médicalement déficitaire, classée prioritaire par l'agence régionale de santé (ARS) de Normandie.
Avec le soutien d'acteurs locaux (URPS médecins libéraux, Ordre départemental, communauté d'agglomération…), la ville de Mortain-Bocage (Manche), 1 700 habitants, va financer la construction d'un vaste bâtiment de 1 700 m2. Ce dernier doit abriter le pôle de santé libéral ambulatoire (PSLA) dont l'ouverture est prévue en septembre 2020. Médecins, infirmiers, kinés ou podologues y sont attendus pour exercer dans un cadre regroupé.
Las, les signaux sont au rouge face à la désertification médicale qui gagne du terrain. « Aujourd'hui, la commune compte trois généralistes dont deux travaillent à l'hôpital local… En juin prochain, un médecin va travailler à mi-temps. Un autre devra prendre sa retraite dans les deux ans à venir !», s'alarme Hervé Desserouer, maire (DIV) de Mortain-Bocage au « Quotidien ».
Dans ce contexte, pour éviter que le pôle ambulatoire devienne une coquille vide, ou presque – un seul médecin est insuffisant pour prendre en charge un bassin de vie de 6 000 habitants – la mairie a pris le taureau par les cornes. Le conseil municipal a décidé de faire appel à un cabinet de recrutement spécialisé pour dénicher jusqu'à trois médecins généralistes à travers la France voire en Espagne ! Mais le coût de sa mission fait grincer les dents parmi les élus… Pour cette prestation, la ville devra en effet débourser de « 20 000 euros à 25 000 euros », en comptant tous les frais. Et les délais peuvent être très longs...
5 000 euros nets
Ces critiques ne font pas reculer Hervé Desserouer, bien au contraire. L'édile affiche son projet de salarier directement ces futurs médecins avec des conditions favorables. « Nous avons prévu un salaire de 5 000 euros net par mois pour 5 jours travaillés, rétorque le maire, droit dans ses bottes. C'est un choix politique qui ne posera pas de problème budgétaire pour la commune. Face à l'urgence, mon rôle d'élu est d'agir ».
La mairie peaufine aussi un film promotionnel pour vanter l'attractivité de son territoire. « Nous avons un lycée, une école, un cadre de vie agréable à une heure de la mer, s'enthousiasme l'édile. Nous pouvons aussi loger les candidats. Tout est prêt pour bien recevoir les médecins ».
Emblématique du combat des maires pour trouver des médecins, Mortain-Bocage n'est pas la seule commune rurale à vouloir salarier des généralistes. Il y a quelques semaines, Marolles-les-Braults, petite commune de 2 300 habitants dans la Sarthe, a proposé d'embaucher deux praticiens avec un salaire mensuel compris entre 7 000 euros et 8 000 brut par mois, pour une durée de travail hebdomadaire de 35 heures.
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