La récente idée de la députée de l’Oise Agnès Thill (LREM) de faire circuler un bus transformé en cabinet médical dans sa circonscription suscite une certaine exaspération chez les médecins libéraux du département. « Cette annonce est purement politique ! Il n’y a pas eu de concertation avec les premiers concernés, les médecins. Cela sert à faire plaisir aux électeurs. Nous sommes face à une absence d’exercice politique coordonné », se désespère le Dr Xavier Lambertyn, médecin généraliste à Lachapelle-aux-Pots et élu URPS des Hauts-de-France.
Un exercice de médecine foraine
« Cela ressemble à une idée lancée à la cantonade, alors que le sujet mérite réflexion. On reste ouvert et dans l’attente d’une proposition concrète », juge pour sa part le Dr Marc Lobin, médecin généraliste à La Croix-Saint-Ouen et trésorier adjoint du conseil départemental de l’Ordre des médecins. En 2010, une idée similaire de bus santé itinérant avait été lancée par Catherine Journel, maire de La Chèze. Le Conseil de l’Ordre avait alors dénoncé « un exercice de médecine foraine » en vertu de l’article 74 du code de déontologie. « La médecine foraine est toujours prohibée par le code de déontologie » rappelle le Dr Lobin.
Rendre le territoire attractif pour les jeunes médecins
Selon lui, cette proposition ne répond pas à l’enjeu de la désertification médicale que connaît ce territoire. « Il faut prendre les choses à l’endroit. Les jeunes ne veulent plus s’installer dans les zones reculées. En tant que maître de stage, je constate que peu de jeunes restent. Ils préfèrent s’orienter vers un système de salariat, les dégageant des contraintes administratives et leur permettant de préserver leur vie privée. Il faut répondre à ces attentes pour attirer les jeunes. »
Ce constat est partagé par le Dr Lambertyn, qui est l’un des porteurs d’un projet de création d’une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS), déposé en décembre dernier à l’ARS. « Ce mode d’organisation intéresse les jeunes médecins car ils n’exercent pas seuls. Pourtant, on attend toujours une réponse et, pendant ce temps, on perd les forces vives » estime-t-il. « Nous avons des idées, des solutions à proposer. On aimerait que les politiques viennent à la rencontre des premiers concernés, les médecins. »
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