Manifestation des généralistes à l’appel de MG-France

Agonie en direct de Lyon

Publié le 11/04/2011
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Crédit photo : C.F.

À L’APPEL du syndicat MG-France, une centaine de médecins généralistes, représentants quasiment tous les départements de Rhône-Alpes, se sont rassemblés jeudi dernier sous les fenêtres du bâtiment de la Caisse d’assurance-maladie du Rhône à Villeurbanne (69). Leur objectif : « mettre la pression » au moment où s’achevait à Paris la première séance des négociations conventionnelles. Dans une atmosphère plus festive que belliqueuse, deux poupées gonflables, dûment vêtue de blouses blanches pour symboliser la médecine générale (et surtout dissimuler ce que la pudeur du lieu public interdisait de montrer), ont été menées à la potence et pendues en direct ! Pour chauffer l’assistance, le délégué régional de MG-France, Roger Bolliet, s’est emparé du mégaphone : « On ne peut quand même pas laisser crever la médecine générale, sans rien dire ? », a-t-il lancé, à la cantonade.

Asphyxie.

L’agonie, a pourtant commencé, a poursuivi le Dr Bolliet. Pour l’exemple, il a cité le secteur de Givors-Grigny (69) où l’effectif en généraliste serait passé de 25 à 17 à ce jour. Cette raréfaction démographique accompagnée d’une gestion administrative de plus en plus lourde des cabinets, fait que beaucoup nourrissent le sentiment de « travailler plus pour soigner moins bien », comme l’indiquait la banderole du syndicat MG-74. « L’une des dernières chances, c’est l’ouverture des négociations conventionnelles », croit savoir le Dr Vincent Rébeillé-Borgella, secrétaire générale de MG-France.

Quelques internes venus soutenir ce mouvement ont exprimé, quant à eux, leurs difficultés à trouver un lieu d’exercice qui leur convienne, en l’occurrence une maison de santé pluridisciplinaire ou un cabinet de groupe. « Pas question de travailler dans un cabinet individuel », explique Iréna, 31 ans. Elle a déjà fait plusieurs remplacements, et choisi la médecine générale pour sa « clientèle diversifiée ». Pour autant, elle refuse d’exercer seule, à plein temps et sans un « certain confort », précise-t-elle en évoquant l’informatisation et une secrétaire. À 27 ans, Vasantha vise le même objectif. Si elle ne trouve pas de cabinet de groupe, elle tentera de postuler « dans un établissement de soins de suite et de réadaptation (SSR) ».

Ce jeudi 7 avril, les généralistes venus aussi défendre l’ASV (allocation supplémentaire viellesse, vue par le Dr Bolliet comme une « juste contrepartie de notre engagement à respecter les tarifs opposables ») évoquaient dans les rangs un autre phénomène, qualifié « d’inquiétant » par le Dr Dominique Lagabrielle qui exerce en Isère : celui d’une augmentation de 12 à 24 % du taux de renoncement aux soins des patients, pour motifs financiers. Autant d’arguments que le syndicat MG-France – dont les représentants se sont déclarés « satisfaits » de cette mobilisation – entend utiliser pour se faire entendre durant les semaines de négociation à venir.

 DE NOTRE CORRESPONDANTE CAROLINE FAESCH

Source : Le Quotidien du Médecin: 8942