Les thermes de Balaruc-les-Bains dans l’Hérault sont au régime sec, ou presque. Toutes les précautions sanitaires ont été prises dans la plus fréquentée des stations thermales de France. Pourtant, les curistes ne sont pas tous revenus. Spécialisés dans la rhumatologie et la phlébologie, les thermes ne peuvent tourner à pleine capacité en raison des mesures de distanciation sociale à appliquer strictement.
« À l’instant T, nous sommes à -60 % de fréquentation par rapport l’an dernier », confie Caroline Martini, la directrice opérationnelle de la SPLETH, la société publique locale d’exploitation des thermes de Balaruc. Ainsi, quelque 20 000 curistes à peine sont espérés cette année, bien loin des 52 870 accueillis l’année passée…
Une catastrophe économique pour cette commune située au bord de l’étang de Thau, tout près de Sète. Les thermes eux-mêmes – qui n’ont ouvert qu’en juin – ont placé au chômage partiel le plus clair de leurs équipes et vont prochainement faire appel à un prêt garanti par l’État (PGE). Une disette qui se ressent également en ville dans les 26 cabinets médicaux que compte cette petite commune de 7 000 habitants.
Remplacements, hôpital : les médecins s'adaptent
« Mon activité a baissé de 50 % par rapport à l’an dernier. Mais je ne suis pas le plus à plaindre car j’ai une activité de rhumatologue libéral à côté de celle de médecin thermal », explique le Dr Hugues Desfour, président de l’association des médecins de la commune. De fait, ce praticien a conservé sa secrétaire quand d’autres ont placé leur personnel au chômage partiel. « Une médecin généraliste va arrêter son activité à la fin de l’année. Certes, elle est en âge de faire valoir ses droits à la retraite mais le Covid a joué un rôle d'accélérateur pour elle », ajoute le rhumatologue. Il cite également le cas de jeunes confrères ayant fait la demande à l’Ordre d’ouvrir un cabinet généraliste dans des communes alentours afin de ne plus dépendre de la seule médecine thermale.
Durant le confinement, certains généralistes se sont aussi engagés sur des remplacements et n’ont pas rouvert leur cabinet en juin, à l’heure où les bains ont été à nouveau accessibles aux curistes. D’autres ont rejoint le centre hospitalier de Sète. « Moralement, cela a été très difficile pour les libéraux. Certains sont venus nous prêter main-forte au moment où l'hôpital en a eu besoin », salue le Dr Laure Soriteau, gériatre au CH du Bassin de Thau, élue à la ville de Balaruc-les-Bains.
Synergies
Dans la station thermale, la pandémie a permis du moins de renouer du lien entre praticiens. Mise en sommeil depuis plusieurs années, l’association des médecins de Balaruc a retrouvé son objet et travaillé sur des synergies avec les thermes, notamment sur la dématérialisation des prescriptions.
En outre, avant de venir dans la commune, les curistes sont invités à remplir un questionnaire de santé en ligne. La dernière requête porte sur le nom de leur médecin thermal à qui ce questionnaire d'auto-évaluation* est adressé automatiquement via la plateforme. En fonction de la santé et des comorbidités décrites, le médecin thermal peut contacter le patient pour lui conseiller ou non de réaliser sa cure. Ce pare-feu a jusqu’ici fait ses preuves. Selon la station, « aucun curiste ne s’est déclaré positif à la Covid-19 durant son séjour. »
Aide médicale d’État (AME) : dans un centre de PMI en première ligne, deux sénateurs prennent le pouls du terrain
Un partenariat Doctolib/Afflelou ? Les ophtalmos libéraux ne font pas « tchin-tchin »
Enquête sur les restes à charge « invisibles » : 1 500 euros par an et par personne, alerte France Assos Santé
Missions, consultation et diagnostic, prescription : le projet Valletoux sur la profession infirmière inquiète (déjà) les médecins