Inciter 1 000 jeunes médecins généralistes (PTMG) à s’installer dans des zones sous-dotées à l’horizon 2017, disposer de 1 000 maisons de santé pluridisciplinaires à la même échéance, augmenter de façon cibler le numerus clausus dans certaines régions : à défaut d’être révolutionnaire, le 2e volet du Pacte Territoire santé de Marisol Touraine se fixe des objectifs ambitieux pour lutter contre la désertification médicale. Il s’inscrit pour l’essentiel dans la continuité du premier plan présenté en décembre 2012 et en amplifie les actions.
Parmi les 10 nouveaux engagements détaillés, Marisol Touraine reprend à son compte un certain nombre de décisions actées par François Hollande lors d’un comité interministériel tenu en septembre dernier à Vesoul.
- Les stages en cabinet de ville élargis aux spécialités
Le ministère souhaite toujours que 100 % des étudiants en médecine réalisent un stage de médecine générale pendant leur 2e cycle. En 2012, seule la moitié des étudiants accédaient à ce stage. Marisol Touraine veut élargir la focale en l’ouvrant à d’autres spécialités, comme la gynécologie médicale, l’ophtalmologie, la pédiatrie, la cardiologie, et la dermatologie.
Toujours en 2012, seules 7 régions françaises permettaient à au moins 75 % de ses étudiants d’effectuer un tel stage. En 2015, 15 régions proposent ce stage d’initiation à la médecine générale à 3/4 des carabins. Dans le même temps, le nombre de maîtres de stage agréés à recevoir des étudiants de second cycle est passé de 2 197 à 4 657.
- CESP, PTMG, le turbo !
Créés par Xavier Bertrand, les contrats d’engagement de service public (CESP), qui proposent une bourse (1 200 euros brut par mois) contre un engagement à s’installer en contrepartie dans une zone sous dense, ont été repris par Marisol Touraine. Il y a trois ans, elle se proposait d’en faire profiter 1 500 étudiants et internes à l’horizon 2017. Cet objectif passe à 1 700. Fin 2015, 1 325 CESP ont été signés. De son côté, le dispositif du praticien territorial de médecine générale (PTMG), qui garantit pendant deux ans un salaire minimum (de 3 640 euros net par mois), voit son objectif passer à 1 000 signatures à l’horizon 2017. À fin 2015, 480 étudiants ont adhéré au dispositif.
- 1 000 MSP en 2017
En 2012, 174 maisons de santé pluridisciplinaires avaient été créées, elles sont près de 800 fin 2015. Selon Marisol Touraine, la généralisation de la rémunération du travail en équipe devrait permettre d’atteindre le chiffre de 1 000 MSP d’ici à 2017.
- Accès aux soins en 30 minutes : les médecins correspondants mobilisés
Intervenant en avant-poste du SMUR dans des territoires sous-denses, les médecins correspondants du SAMU (MCS) étaient 150 en 2012. L’accès aux soins partout en France en moins de 30 minutes étant l’un des engagements de campagne du candidat Hollande en 2012, les moyens ont été débloqués. Le nombre de MCS est passé à 440 fin 2014, il devrait grimper à 600 fin 2015.
- Numerus clausus régional : augmentations ciblées
Depuis 2012, le gouvernement ouvre des postes d’internes prioritairement dans les territoires à faible densité médicale. Leur nombre a ainsi augmenté de 42 % à Dijon (Côte-d’Or), de 39 % à Rouen (Seine-Maritime) ou encore de 34 % à Clermont-Ferrand (Puy-de-Dôme). Le second pacte territoire santé veut revoir à la hausse le numerus clausus dans 10 autres régions « particulièrement en tension » : Antilles-Guyane, Auvergne, Basse-Normandie, Bourgogne, Centre, Haute-Normandie, Nord-Pas-de-Calais, Picardie, La Réunion et Rhône-Alpes.
- Davantage d’enseignants et de maisons de santé universitaires
Le ministère souhaite augmenter le nombre de médecins libéraux enseignants. Il promet de doubler d’ici à 2017 le nombre de généralistes chefs de clinique (de 80 à 160), et veut ouvrir le statut de chef de clinique à d’autres spécialités de ville.
En matière de recherche en soins primaires, il projette également de labelliser au moins une maison de santé ou un centre de santé universitaire dans chaque département d’ici 2017. Pour cela, les procédures d’éligibilité seront simplifiées.
- Télémédecine, équipes de soins
Le pacte se propose aussi d’ouvrir dans chaque région un portail d’accompagnement des professionnels de santé (PAPS), et de déployer en ville en 2016 des expérimentations de télémédecine pour les patients souffrant d’affections de longue durée, et pour les soins urgents. Enfin, dans l’esprit de la loi de santé qui prévoit la mise en place d’équipes de soins primaires (ESP), le pacte projette d’accompagner 200 projets de ce type par un soutien financier.
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