Après le départ à la retraite de deux médecins en 2016, la petite commune d'Assier (Lot) de 700 habitants n'est pas restée bras ballants. Dès 2016, le maire a annoncé la venue d'un médecin espagnol, le Dr Juan Canas, puis en août 2017 d'un autre médecin espagnol, le Dr Joachima Romero. Tous deux exercent dans une maison de santé qui couvre un secteur de 3 000 habitants. Mais après cinq mois d'installation, le Dr Joachima Romero a jeté l'éponge. Selon le maire Patrick Roques, elle a quitté « du jour au lendemain » le village pour s'installer seule au Vigan, une autre commune du Lot située à 40 km.
Ce départ impromptu n'a pas été du goût de l'édile. « Elle a tout laissé en plan, les patients, ses confrères. Je regrette cette façon de faire », dit-il. Même déception du côté de la présidente de l'association des professionnels de santé d'Assier-Libernon, Paulette Lescure. « Ce médecin a été accueilli sur la commune. Nous lui avions montré la maison de santé labellisée par l'agence régionale de santé. C'est le jour où la Sécurité sociale est venue expliquer les termes du contrat proposé dans le cadre de l'accord conventionnel interprofessionnel (ACI) qu'elle a changé son comportement. »
Pour obtenir la rémunération forfaitaire dans le cadre de cet accord conventionnel, toute maison de santé doit en effet atteindre des indicateurs fixés autour de trois axes : accès aux soins, travail en équipe et système d'information partagé. Par ailleurs, cette rémunération est versée aux équipes constituées en société interprofessionnelle de soins ambulatoires (SISA).
Crainte de la SISA
Contactée par « le Quotidien », le Dr Joachima Romero avoue avoir été surprise par l'obligation de SISA. « Personne ne m'a prévenue ! C'est un contrat qui m'oblige à exercer en coordination pour certaines activités, ce que je n'avais pas forcément envie de faire. Je ne suis pas du tout opposée au travail en équipe et je voulais avoir plus de temps pour mieux comprendre le mécanisme. Mais il fallait signer tout de suite car la SISA a besoin d'avoir deux médecins », déclare-t-elle.
L'autre motif qui l'a poussée à changer de commune : la faiblesse de son activité. « Je suis le médecin traitant d'une centaine de patients. J'ai tenté de compléter mon activité et recherché ailleurs mais je n'en ai pas trouvé. Dans ces conditions, je ne peux pas gagner ma vie », ajoute-t-elle. De plus, le dossier qu'elle devait remplir pour toucher le complément d'honoraires dans le cadre du dispositif PTMG (6 900 euros bruts assurés pendant deux ans pour au moins 165 consultations par mois) a posé « beaucoup de problèmes » avant d'aboutir.
Échaudé, le maire avoue ne pas se mettre en situation de retrouver un autre médecin. « Je vais faire le point avec le coordinateur de la communauté des communes. Pour moi, l'idéal est de créer un pôle de santé sur le Grand Figeac. » Ce dispositif permettrait aux médecins de la communauté des communes de faire des consultations (sous la forme des consultations avancées hospitalières) dans des locaux municipaux, une ou deux fois par semaine dans les villages en déficit médical.
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