À l’heure où les députés débattent de mesures contraignantes pour forcer les médecins à exercer dans les zones sous médicalisées, les institutions locales mettent-elles tout en uvre pour faire connaître les mesures incitatives à l’installation ? Le Dr François-Charles Cuisigniez, président de la branche jeunes médecins de la CSMF, a adressé une lettre au conseil départemental de l’Ordre des médecins (CDOM) et à la caisse primaire d’assurance-maladie (CPAM) d’une dizaine de départements des quatre coins de l’Hexagone parmi lesquels la Gironde, l’Indre-et-Loire, le Loir-et-Cher, le Finistère, les Alpes-Maritimes, le Nord, le Bas-Rhin, le Haut-Rhin… Dans cette lettre, le médecin remplaçant en Ile-de-France indiquait son souhait de s’installer en milieu rural ou semi-rural et posait trois questions simples : « Y a-t-il des aides à l’installation dans votre département ? Si oui, lesquelles et dans quelles zones ? Connaissez-vous des médecins de votre département qui recherchent un jeune associé ou un collaborateur ? » Le jeune généraliste dit avoir été déçu et surpris du faible nombre de réponses : trois des caisses primaires et deux de l’Ordre. « Personne n’a vraiment répondu à mes questions mais m’orientait plutôt vers un autre interlocuteur ». Interrogés par le Quotidien, trois conseils départementaux se sont étonnés qu’aucune réponse n’ait été envoyée au praticien. « Ce n’est pas nous qui nous occupons des aides, précise l’un d’eux et lorsque nous recevons des demandes de renseignement, nous les adressons aux interlocuteurs concernés ». Pour le Dr André Deseur, conseiller en charge de la communication au CNOM, « la situation décrite est navrante ». « Je regrette que ce praticien n’ait pas reçu de réponse de chaque conseil départemental qu’il a sollicité mais je ne suis pas étonné, dit-il. Les aides sont parcellaires, peu connues et pas centralisées et des conseils peuvent ne pas être informés d’aides auxquelles les médecins ont droit ». Le conseiller ordinal indique que les conseils régionaux pourraient jouer un rôle important de coordinateur entre les différentes institutions (CDOM, facultés de médecine, conseils généraux, communauté de communes…) pour faire connaître les initiatives de chacun auprès des médecins. La Caisse nationale d’assurance-maladie (CNAM) souligne pour sa part qu’il existe déjà sur son site www.ameli.fr des outils comme C@rtosanté permettant aux médecins de se renseigner sur les zones déficitaires de chaque département. Ce logiciel, en accès libre, les informe sur les communes et le nombre d’habitants que recouvrent ces zones, le nombre de médecins généralistes qui y exercent et le nombre d’actes pratiqués… « Sur la base de ces informations, les médecins peuvent appeler les caisses primaires concernées, précise-t-on à la CNAM. Chaque caisse a un service en relation avec les professionnels de santé capable d’apporter des réponses sur les aides disponibles ».
De cette expérience qui n’a qu’une valeur d’exemple, le Dr Cuisigniez tire une conclusion : « Il n’existe aucune procédure standardisée, rien pour accompagner et renseigner les jeunes médecins dans leur début d’exercice et leur installation. Il manque une structure clairement identifiée pour leur venir en aide et répondre à leurs questions ». Le guichet unique d’aide à l’installation, prévue dans la loi Hôpital, patients, santé et territoires (HPST), qui serait créé auprès des futures agences régionales de santé (ARS), devrait combler ce vide.
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