Les assistants médicaux commencent à peine à être recrutés dans les cabinets libéraux que bientôt, les centres de santé pourront eux aussi bénéficier du financement conventionnel à l'embauche de ces auxiliaires. Un accord a été signé mardi 4 février en ce sens. Et cela n'a pas manqué d'agacer aussitôt plusieurs syndicats de médecins libéraux qui y voient un soutien déloyal à la médecine salariée.
Le Syndicat des médecins libéraux (SML), qui a paraphé l'avenant de juin 2019 sur les assistants, accuse ainsi la CNAM de jouer « contre » l'exercice libéral. « En étendant aux centres de santé les dispositifs destinés à soutenir la médecine libérale, l’assurance-maladie mène un double jeu au détriment de l’exercice libéral. En effet, dès lors que la médecine salariée des centres de santé, bénéficie des mêmes appuis, quels avantages restera-t-il au secteur libéral ? », s'interroge le syndicat du Dr Philippe Vermesch.
Pire, le SML juge que ce sont là « les conditions d’un siphonnage du libéral vers le salariat des centres de santé ». « Totalement opposé » à cette évolution, le SML dénonce « la sourde hypocrisie de l’assurance-maladie qui privilégie les structures plus coûteuses et moins souples, au détriment de la médecine libérale plus compétitive et plus agile ».
« Subvention sur subvention »
Un argument également repris par le président de l'UFML-Syndicat, le Dr Jérôme Marty, qui soulève la question de la médecine salariée subventionnée et de sa productivité en comparaison avec le secteur libéral.
Rappelons qu’il faut 2,8 equivalent temps plein de médecins salariés en centre de santé pour un médecin generaliste libéral .
— DrMartyUFML-S (@Drmartyufml) February 5, 2020
Rappelons que les centres de santé quasi tous deficitaires ne tiennent qu’avec des subventions!
On va donc faire de la subvention sur de la subvention!
« On rappelle que les assistants médicaux étaient pour les exercices en tension. Là, c’est l’inverse », s'agace le généraliste de Fronton. « Ce n’est même plus du mépris pour ce que nous sommes, mais des attaques caractérisées avec une volonté évidente de nuire », conclut-il.
Plus de 300 contrats
Si l'avenant n°7 portant sur les assistants médicaux ne concernait que les praticiens libéraux, les centres de santé étaient mentionnés dans le critère d'éligibilité lié à l'exercice coordonné. « L'engagement du médecin dans une démarche d'exercice coordonné constitue une condition d'éligibilité à l'aide conventionnelle, précise l'avenant. Ce mode d'exercice peut prendre diverses formes : maisons de santé pluri-professionnelles, centres de santé, équipes de soins primaires (...). »
Depuis la mise en place du dispositif, 302 contrats de recrutement ont été signés et 314 sont en cours, précisait récemment le directeur général de l'assurance-maladie Nicolas Revel. 90 % des contrats concernent des médecins généralistes et 70 % des médecins installés en zone sous-dense.
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