L'une des mesures phares du programme électoral d'Emmanuel Macron pour son second mandat va être mise en musique dès l'an prochain. La promesse « d'instaurer un bilan de santé complet et gratuit aux âges clés (25, 45 et 65 ans) » sera concrétisé dès le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), qui devrait être présenté en Conseil des ministres lundi 26 septembre, a indiqué François Braun au « Journal du Dimanche ».
Flou
Le ministre de la Santé a indiqué que ces check-up, qui seront proposés par l'Assurance-maladie, se feront « avec des médecins et des professionnels de santé », sans préciser, à ce stade, si ce seront forcément les médecins traitants des patients, les centres d'examen des caisses primaires voire des infirmières de pratique avancée. « Jusqu'à présent, il n'avait rien pour les adultes » souligne l'ancien urgentiste.
Dans le nouveau dispositif, les vingtenaires pourront faire le point sur leur vaccination, l'activité physique ainsi que d'éventuelles addictions ou difficultés liées au début de la vie professionnelle. Ils seront également « alertés sur la nécessité d'avoir un médecin traitant et sur le risque cardiovasculaire ». En milieu de vie, les patients seront sensibilisés aux risques de cancers (sein, colon et prostate). L'activité physique ainsi que la santé mentale seront aussi abordées. Enfin, à l'âge de la retraite, la consultation traitera de prévention de la perte d'autonomie, de dépistage des cancers et permettra de faire le point sur maladies survenues jusqu’alors.
Consultation longue à 150 euros
Dans les cabinets, l'initiative est plutôt bien reçue. Elle a été « saluée » dimanche sur France Info par le Dr Luc Duquesnel, président des généralistes de la CSMF, estimant que « cela fait vingt ans que les médecins généralistes demandent à ce qu'il existe des consultations de prévention ». Une revendication confirmée par MG France. « C'est évidemment au médecin traitant de faire ces consultations de prévention, éventuellement en coopération avec d'autres professionnels, notamment pour les vaccinations, précise ce lundi au « Quotidien » la Dr Agnès Giannotti, présidente du syndicat de généralistes. Ce type de consultation longue nous fera faire des économies de temps et gagner en pertinence pour la suite de la prise en charge du patient ».
Reste à savoir à quel tarif ces actes – par définition d'une durée longue – seront rémunérés. Ce sera l'un des points des négociations en vue de la prochaine convention médicale qui débutera en octobre. Pour mémoire, à la fin 2020, une consultation de prévention par les médecins traitants avait été mise en place afin de procéder à un temps d'explication et de prévention auprès des personnes vulnérables face au Covid-19, notamment les plus de 65 ans ayant des comorbidités. Elle était cotée 40 euros.
Groupe de travail au sein du CMG
De son côté, le Syndicat des médecins libéraux (SML) a déjà une idée précise de la valeur que devrait prendre ce nouvel acte, soit 150 euros. « La consultation de prévention est une consultation à haute valeur ajoutée pour le système de santé et implique une consultation longue très complexe débouchant sur un plan personnalisé de prévention, plaide l'organisation. Celles-ci devront en outre être précédées a minima par un examen biologique complet ».
S'agissant des contenus médicaux de ces consultations, un groupe de travail au sein du Collège de la médecine générale s'est déjà mis à l'œuvre. « Il faudra définir des grandes lignes, estime la Dr Giannotti. Mais il serait évidemment stupide d'avoir un cadre complètement identique pour tout le monde ».
CNR santé lancé le 3 octobre
La prévention devrait en tout cas figurer dans les débats du volet santé du Conseil national de la refondation (CNR) qui sera lancé le lundi 3 octobre « en province, dans une région où il y a des difficultés mais où on innove pour y faire face » a précisé François Braun le « JDD ». Le « CNR santé » – nouveau nom de cette consultation appelée alternativement, ces derniers mois, conférence ou convention des parties prenantes – devrait d'ailleurs durer plus longtemps qu'initialement prévu.
Elle prendra trois formes : une « concertation au niveau national avec les acteurs clés » jusqu'au printemps, « des réunions territoriales » sous la houlette des ARS en lien avec les préfets et les élus jusqu'à la fin de l'année et enfin une « consultation citoyenne numérique très large » qui sera lancée mi-octobre. « Je me méfie des fausses bonnes idées supposées tout régler, affirme le ministre au sujet des pressions politiques sur la régulation de la médecine libérale. Je n'ai pas d'opposition dogmatique à la coercition, mais les exemples allemand et québécois montrent que cela ne fonctionne pas ».
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